Hello There !

C’est le moment, c’est l’instant, préparez les épices ! Voici venue l’heure du bilan tant attendu. Une année où j’ai lu moins de livres. La cause ? Et bien l’année dernière, je me vantais d’être un français chanceux qui n’avait pas eu le covid. Malheureusement, la rentrée de septembre me fut fatale. Une expérience qui ne fut pas trop dévastatrice dans l’ensemble, étant vacciné, mais désagréable. Et je dois avouer que les temps qui ont suivi j’en suis ressorti fatigué, et mes capacités cognitives s’en sont trouvées amoindries. Mon temps de concentration était très réduit, il m’était difficile de me focaliser sur l’activité en cours. Très handicapant quand vous êtes enseignant. Bilan : Deux mois quasi sans lecture.

J’ai quand même une liste honorable, du moins à mon échelle. On est loin des 70 à 120 bouquins lus par certains, de ce que je vois sur la blogosphère. Un chiffre que je trouve monstrueux et dont je me pose la question de l’intérêt et du réalisme, parce qu’avec une famille et un travail, comment peut-on lire autant ? La taille des livres joue c’est évident, et à la Taverne on n’est pas très amuse-gueule, on préfère les grosses pièces de viande juteuse, du coup forcément, ça fait moins en quantité. Mais surtout, j’aime savourer ce que je lis, j’aime méditer dessus. Je ne suis pas gourmand, je suis gourmet. Je lis pour l’enrichissement culturel, et par dessus tout pour ressentir des émotions, voyager. Je n’ai pas honte de dire qu’il m’arrive de pleurer sur mes livres, comme dernièrement avec Le Dieu Estropié, mais je peux rire, m’enflammer, trembler. Un livre, c’est une porte sensorielle. Tout se passe au niveau du cerveau, de l’esprit. Et comme toute expérience de ce genre j’ai besoin de temps pour l’intégrer, la digérer. C’est pourquoi je pense que je ne lirai jamais 70 livres dans l’année, quand bien même je ne lirais que des livres de 200 pages. Je veux pouvoir me retourner sur mes lectures et m’en rappeler avec précision. De plus je ne fais pas que lire puisque je joue à des jeux vidéo, je pratique le jeu de rôle, même si moins depuis septembre (une pause s’imposait), je passe du temps avec mes filles (jeux de société, films, séries). Bref, ce petit aparté, non pas pour me justifier, mais pour préciser que je ne comprends pas la démarche derrière autant de livres engloutis. J’aimerais beaucoup plus savoir ce que ces bloggueurs gardent de leurs lectures de manières approfondies, en terme de sensations, émotions, perception du monde, plutôt que de m’afficher ce nombre effarant, empilant les titres, dans ce qui me semble plus être un genre de compétition, sponsorisé par les SP.

Mais sans plus attendre voici donc le bilan 2022 avec ses promesses tenues et non tenues, ses Shoggoths, ses Nazgûls, ses dragons cracheurs de feu, ses peuples étranges et ses contrées du rêve. Allez, asseyez vous au comptoir de la Taverne, je vais vous servir un bon café et vous présenter mes lectures, sans oublier bien évidemment la cérémonie des désormais célèbres Onos Award, toujours copiés, jamais égalés, mais totalement enviés.

Liste des livres lus

Voici la liste de mes lectures 2022 dans l’ordre chronologique. Comme toujours, le petit astérisque vous indique s’il s’agit d’un livre qui était dans ma PAL 2022.

Le livre des martyrs, tome 08 : La Rançon des Molosses *Steven Erikson
La chute de Gondolin *JRR Tolkien et Christopher Tolkien
Les archives de Roshar, tome 3 : Le livre des radieux, partie 1 *Brandon Sanderson
Les archives de Roshar, tome 4 : Le livre des radieux, partie 2 *Brandon Sanderson
Le guide Stephen KingYannick Chazareng
Intégrale prestige, tome 1 : Les contrées du rêve *H.P. Lovecraft traduction David Camus
La voie de l’ascendance, tome 1 : La Complainte de DanseurIan C Esselmont
Intégrale prestige, tome 2 : Les montagnes hallucinéesH.P. Lovecraft traduction David Camus
Le livre des martyrs, tome 09 : La Poussière des Rêves *Steven Erikson
Le Seigneur des Anneaux, illustré (Lee), tome 1 : La Fraternité de l’Anneau JRR Tolkien traduction daniel Lauzon
Le Seigneur des Anneaux, illustré (Lee), tome 2 : Les deux Tours JRR Tolkien traduction daniel Lauzon
Assassin’s Creed, tome 6 : Black Flag Oliver Bowden
Feu & Sang / intégrale GRR Martin
Lovecraft : Je suis providence, tome 1S.T. Joshi
Lovecraft : Je suis Providence, tome 2 S.T. Joshi
Le livre des martyrs, tome 10 : Le Dieu estropié *Steven Erikson

16 livres en tout. Mais un peu plus de 10 000 pages tout de même. Bien sûr je ne compte pas les livres de jeu de rôle, et j’en ai lu pas mal, notamment dans le cadre d’un contrat de relecteur pour un éditeur. Sur les 16 livres, 12 sont de la Fantasy. Un record depuis que je fais ce blog. D’habitude, il s’agit d’une catégorie bien représentée, mais de manière générale, mes lectures s’équilibrent entre le fantastique et la SF. Les livres restants sont un livre documentaire (Le guide Stephen King) , un livre de fantastique (Les montagnes Hallucinées – intégrale tome 2) et une biographie (Je suis Providence en deux tomes). Si je compare avec ma prévision 2022, on remarquera que pour une fois j’ai quasiment collé à ma programmation en Fantasy. Seul Le Fou et l’Assassin et Gagner la Guerre n’ont pas été lus. Je rajouterais que je n’avais pas anticipé de lire si tôt Le deuxième tome de l’Intégrale Mnémos, mais que c’était plus ou moins prévu. Les deux thèmes perdants ici, sont donc la SF, totalement délaissée cette année (même si certains textes de Lovecraft en sont), et le Fantastique, surtout les Stephen King. Je n’ai tout simplement pas réussi cette année à me mettre dans cette ambiance, et le challenge de L’Automne du King est tombé en plein dans ma traversée du désert. Il y a aussi deux livres commencés mais non terminés : Carrie (environ 150 pages lues) et Justicière 1ère partie (environ 50% lu), le troisième opus des Archives de Roshar que j’avais entamé à la suite du Livre des Radieux. Ce dernier sera repris sans aucun doute possible, j’ai adoré l’univers comme j’en ai parlé ici, par contre Carrie qui était une relecture, va rester un moment sur ma table basse je crois. J’ai profité de la diffusion de House of Dragon pour relire une seconde fois Feu & Sang en édition intégrale de GRR Martin, poussé par une envie de comparaison du script avec l’original. Le jeu des séries évènements de la rentrée de septembre m’a amené également à profiter de l’été pour me replonger dans l’univers de Tolkien. Des articles sont en préparation sur ces deux sujets. Enfin, comme annoncé sur Twitter en janvier 2022, cette année devait être malazéenne ou pas. Elle le fut. J’ai pu engloutir les 3 romans parus ainsi que le premier spin-off d’un nouveau cycle écrit cette fois-ci par Ian Cameron Esselmont. Le Livre des Martyrs étant arrivé à son terme, nous termineront bientôt le grand chantier des 10 revues sur le blog.

Quoi qu’il en soit, il est temps, passons aux Onos Awards ! Hollywood, toujours envieux et peu imaginatif depuis quelques décennies, a tenté cette année de créer le buzz à coup de gifle. En arriver là pour tenter de voler la vedette aux Awards les plus attendus de la galaxie, c’est vraiment pathétique. The show must go on, comme chantait Freddy, et les vrais savent où venir pour de vraies récompenses. Je rappelle que le jury, pluri-éclectiquo schizophrénique, est composé de pas moins d’UN membre mais ne croyez pas pour autant que les votes sont facilités, ils sont cependant sincères, sans aucune pression politique ou commerciale que ce soit. La Taverne tient à son indépendance et sa liberté d’expression ! Ladies & Gentlemen, here we go.

Si Viggo est venu ce n’est pas par hasard

Les Onos Awards

La plus belle surprise : Dans mon paysage littéraire, on y trouve généralement des livres de l’imaginaire – majoritairement de la Fantasy – , des documentaires ou romans historiques, des mangas, des BD, et peu d’autres choses. Je n’aurais pas cru qu’une biographie m’aurait autant happé. Je n’ai eu aucune hésitation quand il a s’agit de choisir LE grand gagnant de ces Awards. C’est avec une joie immense et beaucoup d’émotions, que je remets le Onos award de la plus belle surprise et du meilleur livre lu en 2022 à Je suis Providence de S. T. Joshi. L’article consacré à cette expérience de lecture est dans les tuyaux, mais je peux vous dire que ce fut un plaisir, un voyage indicible. C’est le livre qui m’a permis de reprendre après ces deux mois sans lecture. Un travail de compilation incroyable, un chef d’oeuvre de biographie, à mettre dans toutes les mains des fans du Maitre de Providence.

La déception de l’année : Assassin’s Creed Black Flag d’Oliver Bowden. Une vraie déception. Le livre n’a aucune originalité si ce n’est de raconter les évènements de la vie d’Edward Kenway dans l’ordre chronologique, là où le jeu à des séquences flash back. Amis gamers, tenez-vous en au jeu et ne perdez pas votre temps ici : L’histoire du livre est exactement identique à celle du titre d’Ubisoft. Une déception surtout quand on sait que pour l’opus précédent, Forsaken, le livre associé à AC III, le pari avait été pris de conter des éléments annexes du point vue, non pas du protagoniste du jeu mais de Haytham, ce qui était un vrai plus et une vraie réussite.

Le livre sans plus : Le guide Stephen King de Yannick Chazareng. Un petit livre lu en quelques heures, pratique pour le néophytes mais peu utile pour le fan ultime du King que je suis. Je le lis et le suis depuis trop longtemps pour ne pas être au courant de tous les petits détails proposés dans ce livre. Cela ne veut pas dire que ce guide est sans intérêt, ni que le livre n’a pas lieu d’être, soyons honnête, mais dans mon cas ce fut juste une espèce de rappel plutôt que de la découverte.

L’auteur de l’année : Il a bercé mon année de bien des manières. 85 ans après sa mort, sa popularité n’a jamais été aussi haute. Il est le maitre du cosmicisme et le garant de la civilisation. J’ai nommé Howard Phillips Lovecraft. Avec pas moins de deux recueils de textes lus dans cette nouvelle traduction sincère et proche de l’original signée David Camus aux éditions Mnémos, et Je suis Providence aux Édition Hélios où j’ai suivi pas à pas le quotidien de HPL, il a été comme un arrière plan à mon année, un colocataire, et je ne me lasse pas de son talent. Avec le documentaire Aux Sources de la Fantasy, où un épisode lui est consacré, et ma campagne Les Montagnes hallucinées en cours avec ma team JDR, il a été omniprésent. Bien que je l’ai découvert réellement sur le tard (je le connaissais de nom mais n’avais lu aucun de ses textes avant 2018), il est devenu un de mes auteurs favoris. C’est avec plaisir que je lui consacrerai bientôt plusieurs articles et que je lui remets le Onos Award de l’auteur de l’année.

L’auteur « découverte » de l’année : J’essaye tous les ans de découvrir un auteur. Cette année, je n’ai pas été puiser très loin puisqu’on a vu la naissance d’une nouvelle série aux Éditions Leha afin de ne pas laisser orphelins les lecteurs du Livre des Martyrs dont je fais partie. La complainte de Danseur écrit par l’ami de Steven Erikson, Ian Cameron Esselmont, est une lecture fluide et très agréable. J’ai été agréablement surpris par la facilité d’accès du texte, bien plus que celui d’Erikson. Une véritable porte d’entrée à l’univers comme le décrit Leha, mais pour autant je pense qu’on apprécie encore plus le roman lorsqu’on a déjà lu la série du Livre des Martyrs. En tout cas, j’ai passé un excellent moment avec ce livre, et j’attend la suite du cycle avec impatience, afin de mieux profiter de la plume de Mr Esselmont, notre lauréat 2022.

La relecture qui fait du bien : Comme je l’ai déjà précisé, j’ai eu deux relectures cette année : Feu & Sang de Martin que j’avais lu en deux parties à sa sortie mais qui dans son édition intégrale agrémentée de magnifiques illustrations, le tout dans une écrin impeccable, n’est vraiment pas la même expérience, et Le Seigneur des Anneaux. Je relis régulièrement la trilogie de Tolkien (je dois en être à ma cinquième ou sixième fois) mais je ne l’avais jamais lu dans la nouvelle traduction de Daniel Lauzon. Cette lecture, au coeur de l’été, a été un plaisir exquis. Ce texte retravaillé, dont j’ai lu les deux premières parties – La Fraternité de l’Anneau et Les Deux Tours – est fluide, très fluide, et mis à part les noms propres qui peuvent être problématiques pour ceux qui sont habitués à la traduction de Ledoux, utilisée aussi dans la VF des films de Jackson, nous avons une traduction qui fera référence. Nous en parlerons bientôt à la Taverne, mais pour l’heure je suis ému de remettre cet Onos Award de la meilleur quasi-relecture, de fait, à ce classique de la Fantasy.

L’univers à approfondir (à nouveau) : Replonger au coeur de La Terre du Milieu, que ce soit en livre ou au travers de la série diffusée sur Prime video traitant des Anneaux de Pouvoir, tout cela m’a fortement donné envie de voyager à nouveau dans ce merveilleux univers sur lequel j’ai déjà beaucoup lu. Bon, la série ne m’a pas laissé un souvenir mémorable et fait pâle figure en comparaison à House Of The Dragon de HBO. Il se trouve que cette année j’ai acquis les magnifiques rééditions de Bourgois Le Silmarillion et Les Contes et Légendes Inachevés dans leur nouvelle traduction et révision, des livres que je n’ai pas lu depuis presque 20 ans. Avec Le Retour du Roi encore à lire pour compléter la trilogie, je compte bien m’installer au creux des ailes des Aigles et survoler à nouveau Valinor, Beleriand, Numenor, les Montagnes de Brume, l’Argonath, puis rentrer au matin, appelé par le cor d’Argent, à Minas Tirith, contempler la bannière du Gondor flottant au vent sur la tour d’Ecthelion. Un mot tout de même sur le monde de Roshar que je n’oublie pas, mais j’avoue, face à mes amours de jeunesse, c’est le cœur qui parle. Voilà pourquoi cet Onos Award va à La Terre du Milieu.

Le cycle que j’ai terminé et qui mérite son Onos Award : Une récompense un peu spéciale, car généralement elle prime un univers qui m’a marqué et que j’ai hâte de continuer, mais cette année nous allons faire une exception et récompenser un parcours de cinq années : celui du Le Livre des Martyrs. Évidemment, allez-vous dire. Une série démesurée, titanesque, un projet dément, mais j’en ai déjà tellement parlé sur le blog. Quel final ! Quel panache ! Les revues des tomes 9 et 10 sont prévues pour les mois à venir. Comme vous savez, j’aime prendre le temps de compiler mes notes, réfléchir, méditer, avant de restituer mon avis de lecture sur ce type de série. C’est surtout à Leha, en fait, que je voudrais attribuer ce Onos Award – l’auteur a déjà été moult fois nommé et récompensé ici – pour avoir déjoué tous les pronostics et avoir livré au public la version française de ce cycle pas comme les autres, dans une édition magnifique. Et ce n’est pas fini.

La mention spéciale : Je suis un amateur de beaux livres quand il s’agit d’auteurs que je chéris plus que tout. Un éditeur a enfin apporté l’écrin mérité et nécessaire à un auteur inconnu de son vivant mais tellement omniprésent dans la culture aujourd’hui, Lovecraft. Depuis début 2022, Les éditions Mnémos, après le succès du financement participatif quant à une édition intégrale des œuvres du maître de Providence, ont entreprit d’éditer tome par tome cette intégrale, permettant à tous ceux qui n’avaient pas eu la chance de pouvoir pledger de profiter tout de même de ce travail fantastique. C’est avec une profonde admiration que je remets cet Onos Award de la mention spéciale, tant pour le contenu que pour la beauté, la finition des livres, avec ses cartes en garde de devant et postérieure, à Mnémos qui publiera le dernier tome, le n° 7, en mars 2023. Bravo pour ce travail d’édition.

Conclusion

Malgré une activité plus restreinte et chaotique, j’ai pu voyager de bien des manières cette année et passer de très grands moments de lecture. Si je ne devais retenir qu’un nom pour 2022 ce serait Lovecraft. Bien évidemment, comme les années précédentes, en terme de pages et de hype, le Cycle des Martyrs, qui est arrivé à son terme, aura grandement rythmé mon année, d’autant plus que j’ai rencontré Steven Erikson et Ian Cameron Esselmont à Rennes en dédicace. Mais la saveur de ces récits lovecraftiens, redécouverts pour la plupart dans une édition splendide, puis ce mois passé à lire la biographie de Joshi m’ont profondément marqué. 2022 fut également mon retour en Terre du Milieu après bien des années passées loin d’Elle. Un there and back again qui commença par la lecture de La Chute de Gondolin en février et qui se conclut par un cadeau, la réédition des Contes Et Légendes Inachevés, qu’on m’a offert en fin d’année, venant supplanter mon vieil exemplaire. 2022 donc, année des fins et des renouveaux, année des nouveautés aussi, puisque la Taverne ouvre les dimanches matin à ceux qui veulent venir partager quelques ragots en mode culture geek. 2022 s’en va, sans une seule lecture SF, beaucoup de revues sur le Livre des Martyrs et peu d’autres livres. Alors si on pensait à remédier à ça en 2023 ?

Je ne sais pas de quoi sera faite cette année – et c’est ce qui crée tout l’intensité de la vie ! – mais une chose est sûre, je n’en ai pas fini avec Lovecraft et ses auteurs fétiches ou contemporains, ni non plus avec La Terre du milieu. Et la SF m’appelle, de là-bas, au fin fond du cosmos, où Azatoth et Yog Sottoth attendent, où La Fondation d’Asimov me garde secrètement une place, ou Ada Palmer toque aux hublots de ma capsule spatiale depuis quelques mois, me montrant les tomes suivants de Terra Ignota, me rappelant le plaisir pris en lisant Trop Semblable à l’ Éclair

Et la route se poursuit sans fin, descendant de la porte où elle commença…Et vers quel lieu, alors ? Je ne saurais le dire.. Je ne saurais dire…

Merci Monsieur Lovecraft pour cette année.

Bonne fin de civilisation !