Revue littéraire : Le Signal de Maxime Chattam (spécial Halloween!)

Maxime Chattam n’est plus un auteur qu’on présente évidemment et nous avons déjà parlé de lui sur ce blog à l’occasion de 2 livres : Le 5e Règne et La Conjuration Primitive. Ces deux livres sont totalement différents dans le thème abordé, dans la qualité de narration. Si La Conjuration Primitive faisait preuve d’une maturité née d’années d’écritures engrangées, Le 5e règne lui, avait l’innocence et la naïveté d’écriture d’un jeune auteur, et ce n’était pas pour me déplaire. Alors que justement je lisais Le 5e Règne courant 2018, l’auteur annonça sur les réseaux sociaux qu’un prochain livre allait sortir et qu’il serait dans le même thème que celui-ci, à savoir horreur et fantastique, et s’intitulerait Le Signal.

L’idée de relire un « second » 5e Règne, me rendit plein d’excitation et dès sa sortie en septembre 2018 je l’achetai, aussi bien en version papier qu’en e-book. Alors qu’autour de moi et sur les réseaux sociaux je pouvais voir que ce livre était excellentissime, qu’il était maîtrisé de main de maitre, je me retrouvai soumis à un teasing et une promotion incroyable fait par l’éditeur et l’auteur lui-même, relié par les lecteurs fans de l’auteur (mais qui à mon avis ne connaissait chez lui que ses thriller), me promettant un grand moment de lecture-frisson.

Depuis ma première lecture en 2018 de L’Alliance des Trois, je suis devenu un grand fan de Maxime Chattam et pas seulement de ses écrits mais de l’homme. Très abordable, très simple, échangeant facilement avec ses lecteurs, il partage aisément quelques-unes de ses passions qui sont assez proches des miennes, notamment il essaye d’aider à promouvoir le jeu de rôle au travers de participation vidéo ou via l’écriture de scénario et de livre de contexte pour Black Book édition. Qu’il se rassure, ma déception n’entachera pas mon estime à son égard. Car oui je suis déçu, je m’attendais à mieux, quelque chose d’aussi réussi que le packaging du livre en lui-même. Ce volume est d’une manufacture rare dans le monde de l’édition avec ses pages liserées de noir comme un faire-part de condoléance, une illustration sobre sur la couverture, nous invite à pénétrer dans un monde parallèle où les couleurs disparaissent au profit d’un monde bichromatique teinté d’argent, comme un double négatif de notre réalité.

Quatrième de couverture :

La famille Spencer vient de s’installer à Mahingan Falls. Jusqu’ici, tout va bien. Un vrai paradis. Si ce n’étaient ces vieilles rumeurs de sorcellerie, ces communications téléphoniques brouillées par des cris inhumains, ce quelque chose d’effrayant dans la forêt qui pourchasse leurs adolescents, et ce shérif dépassé par des crimes horribles.
Avez-vous déjà eu vraiment peur en lisant un livre ?

Mon analyse :

Presque un an après avoir l’acheté et être passé par diverses lectures dont un grand coup de cœur avec le cycle du Livre des Martyrs, je me suis lancé dans lecture du Signal, histoire de prendre une bonne bouffée d’horreur et de fantastique à l’approche d’Halloween. Il était le premier d’une série de livre que j’avais programmé pour l’automne et son ambiance macabre, et après une première séquence d’introduction plutôt forte et bien écrite, me faisant frissonner de contentement, très vite en tournant les pages j’ai ressenti comme un malaise, ma première impression s’estompant peu à peu au profit d’une peur finalement encore plus terrifiante que celle à laquelle le récit essayait de me soumettre. Une sensation de déjà-vu, de copier-coller, de grande marmite dans laquelle on aurait ajouter tout ce qu’on a sur ses étagères pour nous fabriquer soi-disant la meilleure potion de tout le pays. Malheureusement les ingrédients en question sont éculés, pire ils ont déjà été utilisé dans d’autres recettes et n’ont plus leur charme magique, créant l’alchimie essentielle pour subjuguer le lecteur. Un peu la même impression qu’on ressent en regardant un vieux film d’horreur qu’on aurait vu et revu et qui à la fin ne nous fait plus vraiment peur mais plutôt nous fait sourire.

Le pot magique à frisson, le Graal de tous les écrivains d’horreur…

Lorsque je relis mes notes de lecture je remarque qu’encore une fois j’ai mis du temps à m’attacher aux personnages. On se moque souvent de Stephen King qui tartine des centaines de pages parfois sur certains personnages, mais c’est dans ces cas-là qu’on se rend compte de l’importance de le faire : Il rend vivant le contexte, il donne de la profondeur à ses personnages, crée du relief. Il m’a fallu plus de 300 pages avant de commencer à m’attacher à certains d’entre eux. Et là où le bât blesse, c’est que lorsque mon personnage préféré a fini par y passer, oui il faut s’y attendre dans ce genre d’histoire, je n’ai rien ressenti. Pas la moindre sympathie, empathie ou tristesse ou ce que vous voulez. Tout simplement parce que sa mort a été décrite d’une manière on ne peut plus impersonnelle, et que la profondeur du personnage nous permettant de nous identifier ou de développer des sentiments à son encontre n’existait pas ou peu.

L’histoire a donc décollé vers le tiers du livre pour ma part. Dans le fond, même si par moment l’auteur sait nous tenir en haleine avec un jeu de va-et-vient entre les différents protagonistes, certaines transitions ou scènes semblent aller à l’encontre de la logique du récit. Il précipite certains événements importants alors qu’à d’autres moments la narration se trouve ralentie ou engluée dans des considérations secondaires sans qu’on puisse savoir ce qui justifie un tel choix. Des choses arrivent (je pense à la scène des oiseaux) et nous n’avons un semblant d’explication qu’une centaine de pages plus loin. Des personnages sont esquissés, nous laissant croire à une quelconque utilité au récit pour finalement juste avoir de la matière à hémoglobine pour la fin. Car oui le grand final est sanglant évidemment comme toujours dans ce genre de livre, et le jeu des pronostics pour savoir qui va survivre n’est finalement pas si compliqué quand on connait le contexte d’écriture du livre et la personnification de la famille Spencer.

Pour la forme, lorsqu’il s’agit de rédiger des descriptions horrifiques, l’auteur est à son aise, il y a vraiment des scènes qui donne le frisson ou la chair de poule, je pense notamment à la scène d’ouverture ou à la scène avec la baby-sitter (même si elle rappelle, un peu trop à mon goût, Scream de Wes Craven). Les descriptions corporelles dans divers contextes sont, là encore, précises et chirurgicales. Pour le reste il y a quand même des choses qui m’ont choqué, car bien qu’il ne soit pas l’auteur français avec le plus grand style, loin s’en faut, il sait généralement raconter une histoire, comme dans Autre-Monde que j’ai adoré et qui reste à mes yeux son travail le plus abouti. Or là, plusieurs fois les dialogues n’ont pas été écrit, mais décrit. Je trouve que c’est une erreur, faisons parler les personnages, laissons les vivre ! Créons du relief !

Vous croyez en Dieu monsieur Spencer?

— À défaut d’être convaincu je demeure prudent.

Malgré tout ces défauts de styles et de choix narratifs, les thèmes abordés sont intéressants, notamment en ce qui concerne la vie après la mort, la force énergétique des esprits, les cultes ou encore l’emprise du passé sur le présent. Mais là encore, si je dis oui à beaucoup des théories ou réponses qu’il apporte sur ces grandes interrogations de l’humanité, je n’accroche pas à ce besoin cartésien de relier sciences et spiritualité comme il le propose dans son dénouement, et la fin du livre en ce point m’a déçu.

Conclusion :

Une lecture que j’ai terminé en oscillant entre plaisir et déception. Plaisir lorsque certaines scènes faisaient mouches, déception lorsque d’autres ressemblaient clairement à ce que j’ai déjà pu lire avant, dans les œuvres de Lovecraft, King ou Poe. Pour un habitué du genre, ce livre n’apportera souvent rien d’autre que de la consternation lorsque vous vous demanderez quand s’arrête la propriété des idées et où commence le plagiat. Vous ne cesserez de sortir de l’histoire du livre pour vous poser avec un regard analyste afin de retrouver où vous avez déjà lu ça et les différences de forme entre les deux séquences. Pour les autres, qui sont lecteurs de Chattam et notamment de ses thrillers, je dirais qu’une porte a peut-être été finalement ouverte. Par fidélité à l’auteur, ils vont aller lire son livre et découvrir ce genre que nous aimons tant pour peut-être en tomber amoureux. De ce point de vue l’auteur a parfaitement réussi son coup vu la percée médiatique du livre.

La note:

4/10

Voilà. Désolé Maxime, mais ce livre ressemble trop à un fan-book des maitres du genre que sont Lovecraft et King, et sa magie n’a pas fonctionné sur moi!

N’hésitez pas à me laisser en commentaire, votre avis. Vous êtes nombreux maintenant à passer par ici , et j’aimerais beaucoup connaitre vos ressentis sur les livres abordés. Pensez à vous abonner également afin de ne rien rater des prochains articles à venir, et à cliquer sur le bouton j’aime ci-dessous si vous avez apprécié la chronique!

Bonsai!

L’édition présenté: Le Signal édition Albin Michel parution le 23/10/18. ISBN : 2226319484

Revue Littéraire : Le Cinquième Règne de Maxime Chattam

Chose promise, chose dûe! Voici ma revue sur Le Cinquième Règne de Maxime Chattam.

J’ai découvert l’auteur au mois de mars alors que je cherchais à renouveler mes lectures. Plutôt attiré par les auteurs anglo-saxons qui traitent de fantastique et de fantasy, je me suis demandé si par hasard en France on ne pouvait pas trouver de bons auteurs dans les mêmes domaines. J’ai donc cherché et j’ai fini par entendre parler de la série Autre-Monde de Maxime Chattam. Histoire d’avoir un meilleur relief de l’auteur, avant de sortir de ma librairie, j’ai acheté un autre livre dont la quatrième de couverture m’attirait particulièrement et me promettait de m’emmener au coin de la rue, là-bas dans le noir…

Résumé (quatrième de couverture) :

Ils auraient dû se méfier.

Respecter le couvre-feu instauré depuis le meurtre du jeune Tommy Harper, retrouvé étranglé près de la voie ferrée. Reposer ce vieux grimoire poussiéreux tant qu’il était encore temps.

Et surtout… ne pas en tourner les pages.
À présent, Sean le rêveur et sa bande vont devoir affronter le Mal absolu: à Edgecombe,
petite ville tranquille de Nouvelle-Angleterre, les éléments se déchaînent, de nouveaux adolescents disparaissent et de mystérieux hommes au charisme effrayant font leur apparition…

Et si ce livre maudit détenait la clé du plus effroyable mystère de l’humanité ?

Mon avis :

« Ce livre ne recèle pas la foi. Il ne contient pas la connaissance universelle. Mais ce livre est dangereux ; dans ses pages se cachent le Savoir, la mort n’y est plus mystérieuse, et la vie le devient. Sache, ô lecteur, que ce livre t’est interdit. »

Au-dessous venait la signature : La Confrérie des Arcanes.

Maxime Chattam, le 5e Règne.

Il s’agit d’un premier roman et ça se sent. Maxime Chattam explique dans la préface que ce livre fut d’abord édité sous le pseudonyme de Maxime Williams car il avait peur que son public soit déstabilisé par un roman fantastique imaginaire alors que le précédent (L’âme du mal) était résolument ancré dans la réalité de notre monde. Quand je dis que l’on sent le premier roman, c’est avec beaucoup d’empathie et de bienveillance, car c’était exactement la tonalité qu’il fallait à cette histoire. L’auteur tente de réveiller en nous la magie, et on devine les inspirations, puissantes encore car récentes, dans les veines du jeune écrivain en herbe : Stephen King, Le film les Goonies, et peut-être d’autres références cinématographiques plus noires encore comme Evil Dead ou Les Griffes de la Nuit. Ce livre m’a replongé dans mon adolescence et sa lecture fut rafraîchissante. Je sortais d’Histoire de Lisey de Stephen King et j’avais besoin de moins de complexité. Attention, moins complexe ne veux pas dire moins bon, bien au contraire!

Maxime Chattam plante le décor d’une petite ville de Nouvelle Angleterre, Edgecombe, qui est le nom qu’il a donné à sa résidence actuelle en France, qui semble des plus calmes et banales, tout ça après un prologue se passant au Moyen Âge, un peu plus remuant et effrayant. Rien qu’avec ces ingrédients, j’étais déjà conquis, car je marchais en terre connue, en tant que grand fan du King avec ses romans dont l’action se situe souvent dans le Maine, et ma passion de l’Histoire. Très rapidement, on retrouve les ambiances de ses futurs romans, avec un tueur qui sévit, et des crimes atroces. Les adolescents sont ses cibles et nous rencontrons bientôt les héros de l’histoire :  SeanLewis, Zach, Meredith, Eveana, Gregor et Tom. Je ne vais pas m’attarder sur eux, car je me suis attaché à tous les personnages, chose que je n’ai pas réussi à faire lors de ma lecture de La conjuration Primitive. Mais ils ont chacun une personnalité bien à eux et sont remarquablement bien brossés.

À partir du moment où Sean et les autres découvrent le livre, tout démarre et l’histoire se transforme en un récit fantastique, où s’entremêlent FBI, shérif, puissances ésotériques, personnages adultes charismatiques, et un tueur fou, le tout pour mon plus grand bonheur! Au rang des scènes qui m’ont le plus impressionné, une chasse à l’homme dans les sous-sols d’une usine désaffectée, une séance de spiritisme qui m’a curieusement rappelé mon adolescence et un final haletant dans une maison qui ressemble à s’y méprendre à Marsten House (pour ceux qui la connaissent). J’ai beaucoup aimé la référence au Magicien d’Oz, avec cette histoire de château d’eau, qui revient comme un gimmick sur les lèvres de Lewis, et le personnage d’Aaron n’a pas été sans me rappeler un certain Henry Bowers de Ça. On peut aussi se demander si la présence des Druides n’est pas la réminiscence d’une lecture des Chroniques de Shannara de Terry Brooks . Il y a beaucoup de thèmes abordés et d’idées très intéressantes proposées dans ce livre, comme la notion de communion après la mort avec la vie qui emplit l’univers, mais ce n’est pas le but de ce récit, et l’auteur n’a pas trop voulu remanier son histoire lors de la nouvelle édition (sous son nom de plume cette fois), ce qui aurait conduit, peut-être, à mettre plus en valeur certains thèmes, occultant finalement le vrai message du livre, sa thématique principale.

Tirer un trait définitif sur ses jouets, c’était enterrer son enfance à jamais. C’était creuser ce fossé qui éloigne pour l’éternité les adultes du monde des féeries juvéniles, cela revenait à renoncer à la magie de l’enfance. Il aimait trop ce monde où l’on pouvait encore se donner l’illusion d’être vraiment quelqu’un d’autre.

Maxime Chattam, le 5e Règne.

Évidemment, les adultes sont présents, ce n’est pas qu’une histoire d’adolescent. Mais ils ne servent qu’à mettre en lumière l’ultime vérité de cette histoire, la thématique principale du livre : passer à l’âge adulte casse la magie de l’enfance et la force de CROIRE. De croire? Mais à quoi? Et bien aux dragons, au monde des esprits, au Mal absolu et au Bien immaculé (le blanc et le noir), au pays Imaginaire et à Peter Pan, au terrier d’Alice, aux Elfes, aux Nains et aux Hobbits. Et c’est bien le message délivré par ce livre écrit par un auteur en train de lui aussi passer à l’âge adulte, mais craignant de perdre cette magie. Celle de l’imagination. Qu’il soit rassuré, il ne l’a pas perdu.

Alors clairement, c’est dans ce style que je préfère Maxime Chattam. D’ailleurs le livre a reçu le prix du roman fantastique du festival Fantastic’Art de Gérardmer (ville des Vosges de mon enfance, ma double origine). Il prouve également qu’il n’est pas enfermé que dans un genre, celui du thriller policier, même s’il s’agit aussi ici d’un thriller, mais fantastique. Avec Autre-Monde dont je vous parlerai bientôt, il revisite la fantasy et là encore j’ai adoré.  Comme je suis un lecteur ouvert qui aime englober l’univers d’un auteur dans sa totalité, j’ai déjà d’autres thrillers policier de sa plume dans ma PAL, comme L’âme du Mal ou Que ta volonté soit faite, ce qui me permettra de savoir s’il peut me réconcilier avec le genre, même si je reste un rêveur comme Sean, avide de dragons, de magie, d’ésotérique et de surnaturel.

La note :

9/10

Il y a 15 jours je vous disais que j’attendais avec impatience de lire le nouveau Maxime ChattamLe signal, qui lui aussi est un thriller fantastique, mais en version poche pour raison de place, mais je ne suis pas sûr de tenir jusque là tant l’ouvrage semble somptueux, et je suis un amoureux de l’objet livre. Je ne pense pas qu’il m’en voudra de lui faire un peu de pub ici, alors :

En tout cas j’espère que cette revue vous a plu, n’hésitez pas à me laisser vos commentaires et remarques, et attendant la prochaine je vous dis…

Bonsai!

ÉDITION PRÉSENTÉE: POCKET (2006) (Format POCHE) ISBN: 9782266143776.

Revue Littéraire : La conjuration Primitive de Maxime Chattam

En attendant de vous présenter mes chroniques sur Le 5ème règne et Autre-Monde de Maxime Chattam , je profite d’être encore à chaud sur ce roman que je viens juste de terminer, pour en faire ma revue littéraire. Il y a des œuvres que l’on digère plus ou moins vite, pour diverses raisons (bonnes ou mauvaises). Celle-ci fait partie de la première catégorie.

Résumé (4ème de couverture) :

Et si seul le mal pouvait combattre le mal ?

Les enquêteurs les surnomment La Bête et Le Fantôme… Si les meurtres qu’ils commettent ne se ressemblent pas, leur sauvagerie est comparable. Et que penser de cette mystérieuse signature commune – *e – qui écarte la piste de serial killers isolés ? Les tueurs se connaissent-ils ?
Mais bientôt, La Bête et Le Fantôme ne sont plus seuls. Les crimes atroces se multiplient, d’abord en France, puis à travers l’Europe tout entière.
La prédation à l’état brut. Une compétition dans l’horreur…
Pour tenter d’enrayer cette épidémie, et essayer de comprendre : une brigade pas tout à fait comme les autres, épaulée par un célèbre profiler.

Mon avis :

Un bon livre, technique, bien construit, propre.

Maxime Chattam n’est plus un auteur en devenir, on ne le présente plus. Depuis maintenant 15 ans, il est un des auteurs préférés des français qui raffolent d’une manière générale des thrillers policiers. Pour ma part, je ne l’ai pas découvert avec ce type de récit, que je lis peu voire pas du tout, mais avec Autre-Monde, un livre de fantasy.

J’avoue me sentir proche de l’auteur d’une certaine manière, puisqu’il a environ mon âge, ce qui implique donc les mêmes références culturelles de jeunesse, il est rôliste tout comme moi, et aime les Giants de new-York… Bon, d’accord, moi je supporte les Raiders d’Oakland, mais ça reste du football américain. Il a également passé son adolescence à lire le maître : Stephen King. Et pour ce que j’en sais, musicalement, il aime les BO de films et le metal. Beaucoup de points communs pour le coup, et si nous étions amis, nous aurions sûrement de longues conversations le soir dans l’obscurité, au milieu des fantômes et autres terreurs nocturnes.

C’est donc au travers des pages de L‘Alliance Des Trois, le premier tome de sa saga Autre-Monde, que j’ai découvert la plume de cet auteur que j’apprécie particulièrement. Bien évidemment, le livre étant orienté ado, pas de cadavre en putréfaction ou de crime obscène. Mais je savais que quelque part sous les couvertures de ses autres livres, la mort se faisait sentir, violente, abjecte, dénuée d’humanisme.

Une amie m’a conseillé celui-ci en me disant d’un air extatique « oh mon dieu, La Conjuration Primitive, c’est un must! »

Ma femme l’a lu cette été avant moi et en est ressortie conquise aussi. Il était donc temps de s’y mettre.

Passées les premières pages où je n’ai pas lu plus vite que la moyenne habituelle, mais où j’ai pu apprécier la première description, pour ce qu’elle est, un chef d’oeuvre, très vite je me suis retrouvé comme les personnages, à courir en avant dans le livre pour découvrir la vérité. Mais quelle vérité?

La vérité en tout cas, c’est que l’auteur maîtrise parfaitement son style. Propre, efficace, des descriptions minutieuses, précises, et surtout très imagées. Son récit est très documenté, ça se sent, et à aucun moment on ne remet en cause les faits, les lieux ou les pratiques policières qu’il nous décrit. La structure est comme une course contre la montre entre la police et les tueurs et nous voyageons dans plein d’endroits différents, plus vivants que nature. Ça c’est pour la forme.

Pour le fond, l’histoire en elle même, au delà des considérations techniques inhérentes à une enquête policière, est très intéressante aussi. Maxime Chattam sait nous faire réfléchir. Il se pose des questions (souvent les mêmes que moi!) sur la nature humaine, notre évolution, et tente d’y apporter une réponse, ou du moins de mettre en lumière certains aspects de l’être humain que nous refoulons tous la plupart du temps, afin que nous prenions le temps d’y réfléchir… pour qui s’attarde trente secondes à réfléchir en lisant (oui c’est un autre débat je sais, mais il existe des gens qui lisent sans forcément que la lecture déclenche chez eux des questionnements…si si.). Bref, un livre qui a tout du livre parfait pour passer un bon moment, si on aime les thrillers et que c’est notre genre. De plus on y trouve des références historiques sur la seconde guerre mondiale, période de l’Histoire aux nombreuses controverses s’il en est, qui n’ont pas été pour me déplaire, moi qui aime cette période.

Et si on n’aime pas les thrillers? Ou que ce n’est pas forcément notre genre préféré? Et bien, vu que c’est mon cas, je vous propose qu’on approfondisse l’idée..

Mais…

Je ne suis pas un grand lecteur de thriller, ce qui signifie que bien souvent je ne les finis pas… ou pire! Je ne les achète pas. Moi, mon trip, ma came, c’est le fantastique l’horreur, la fantasy ou le récit historique. Alors pourquoi tenter l’aventure? Parce que j’aime beaucoup l’auteur, qu’il m’a déjà prouvé l’étendue de son talent aux travers de deux autres œuvres, et qu’on m’a vivement conseillé ce récit. Et je vais le dire avant d’aller plus loin, ce livre ne remet en aucun cas en cause mon attachement à l’auteur ni à son travail, parce que c’est un bon livre, dans l’ensemble, pour toutes les raisons citées précédemment. Seulement, je suis un lecteur qui a un besoin profond de s’attacher aux personnages et aux buts de l’histoire. Hors dans ce thriller, les personnages principaux, hormis un seul, sont sans saveur. Du moins, je ne m’y suis pas attaché. Je sais, il est facile de critiquer, (c’est vrai!) surtout quand on est assis derrière son écran, bien anonyme, et qu’on a parfois du mal à écrire soi-même trois lignes, mais ce qui m’a toujours porté dans une histoire, ce sont les personnages et mon attachement pour eux. Souvent on s’identifie à ces héros qui partagent notre vie le temps d’une lecture et même on apprécie de les retrouver, si l’auteur choisit de poursuivre l’aventure dans d’autres romans. On souffre avec eux, on rit avec eux. Le meilleur exemple, je trouve, est le personnage de Robin Hobb : Fitz. Elle a su nous le rendre attachant bien qu’il nous énerve parfois. Stephen King dit dans son livre Écriture qu’il ne bâtit jamais d’intrigue, qu’il met juste des personnages en situation. Parce que le lecteur s’intéresse bien plus aux personnages.

Dans La Conjuration Primitive je n’ai eu cette attachement que pour Richard Mikelis, le criminologue, car il a une vrai profondeur, il est noir par moment. Pour les flics de l’enquête, j’ai vu venir de loin la rupture du milieu du livre, et aucun ne m’a particulièrement ému. Ils sont bien campés pourtant, avec chacun leur distinction propre, mais il ne sont pas assez approfondi à mon sens, malheureusement. Ce qui explique peut être les suites que Maxime Chattam a écrit, il n’en avait sûrement pas fini avec ses personnages, il avait encore des choses à leurs faire vivre, à raconter sur eux.

Un autre personnage a attiré mon attention à la fin du livre, et bien qu’on ne le voit que pendant 2 pages, lui, en tout cas, dégageait quelque chose d’assez fort pour que je me décide à le retrouver très prochainement… Attention, j’essaie de livrer ici des revues sans spoiler, ce qui n’est pas simple, et de donner quelques indications à Monsieur Chattam s’il me lit (on ne sait jamais!) pour expliquer mon jugement, mais je ne préfère pas dire de qui il s’agit ici et laisser planer le mystère. À chacun de le rencontrer puis de savoir où le retrouver si vous en avez envie (j’aurais tendance à dire dans une ruelle sombre, le nez au dessus d’un cadavre…)

Et puis c’est mon ressenti, vous n’aurez probablement pas le même : la preuve, ma femme et mon amie l’ont adoré bien plus que moi, ce livre. Probablement parce qu’elles aiment la bidoche, les crimes pervers et les descriptions minutieuses des lésions corporelles d’un meurtre. Désolé, ce n’est pas ma came, comme je vous l’ai déjà dit. Moi ce que j’aime c’est le voyage et ceux qui le font, c’est la psychologie des personnages, leurs motivations, leurs buts, bref les Hommes dans toute leur complexité. Ce qui m’amène à parler du vrai personnage du livre à mon sens, le plus inquiétant, celui qui me pousse à admettre que l’histoire est réussie. C’est un personnage abstrait, mais omniprésent : La psychologie.

Le point fort du livre.

Et c’est bien là que réside le point fort du livre. Au delà de l’aspect technique du récit qui est maîtrisé, c’est la psychologie. Celle des tueurs, tout d’abord. Celle-ci est décortiquée par mon personnage préféré du livre, Richard Mikelis. Une plongée en apnée dans le cerveau malade de psychopathes, orchestrée par un criminologue que j’aurais voulu avec un passé un peu plus opaque, sulfureux, comme le Docteur Hannibal Lecter de Thomas Harris, mais qui m’a suffisamment accroché pour être le personnage phare de ma lecture.

La psychologie humaine de manière générale, ensuite. C’est vraiment sur ce point que Maxime Chattam nous accroche je trouve. Il nous ouvre des portes qu’on préférerait laisser fermer. Chacun pensera ce qu’il veut de la conclusion de son livre. Est-ce que des lieux comme le final de son récit existent? Devons-nous craindre d’être confrontés, un jour, à de telles violences? Des être humains peuvent-ils en arriver là? Voilà le genre de question que l’on peut se poser légitimement à la fin de cette Conjuration Primitive, et bien d’autres, plus personnelles. J’avoue que pour certaines j’ai déjà mes réponses, depuis longtemps… mais ce sera à vous de trouver les vôtres, en lisant ce livre.

D’ailleurs, je me demande si dans les thrillers, les crimes ne volent pas la vedette aux personnages en fait. En total contradiction, finalement, avec l’essence même d’une histoire, ou seul l’humain devrait primer, le voyage personnel et non le but, ou les moyens.  Comme le reflet d’une époque ou l’on préfère les faits divers à leurs acteurs, sans empathie pour ceux qui les vivent. On se revendique de tout, mais on ne retient rien. Maxime Chattam en tout cas maîtrise bien les ressorts du genre, et fait preuve d’empathie, ce qui le conduit à inclure une réflexion globale sur l’humanité, plutôt rare de nos jours.

Ma note sera donc de :

7/10

En tout cas j’espère que cette revue vous a plu, n’hésitez pas à me laisser vos commentaires, remarques et même à me décapiter si vous la trouvez trop acide!

Ne vous inquiétez pas je suis paré! Et puis mes autres chroniques à venir sur le 5ème règne et Autre-monde (qui sont de deux styles différents encore, ce qui prouvent bien la richesse stylistique de l’auteur) seront bien mieux noté croyez moi! Sûrement parce que ces styles de livres m’accrochent plus. D’ailleurs j’attends impatiemment de lire le nouveau Maxime ChattamLe signal, qui lui est un thriller fantastique proche du 5ème règne son premier vrai roman. Mais j’attendrai la version Poche de chez Pocket…pour des raisons de place! allez…

Bonsai!

ÉDITION PRÉSENTÉE: POCKET (2013) (Format POCHE) ISBN: 9782266207065.