Maxime Chattam n’est plus un auteur qu’on présente évidemment et nous avons déjà parlé de lui sur ce blog à l’occasion de 2 livres : Le 5e Règne et La Conjuration Primitive. Ces deux livres sont totalement différents dans le thème abordé, dans la qualité de narration. Si La Conjuration Primitive faisait preuve d’une maturité née d’années d’écritures engrangées, Le 5e règne lui, avait l’innocence et la naïveté d’écriture d’un jeune auteur, et ce n’était pas pour me déplaire. Alors que justement je lisais Le 5e Règne courant 2018, l’auteur annonça sur les réseaux sociaux qu’un prochain livre allait sortir et qu’il serait dans le même thème que celui-ci, à savoir horreur et fantastique, et s’intitulerait Le Signal.
L’idée de relire un « second » 5e Règne, me rendit plein d’excitation et dès sa sortie en septembre 2018 je l’achetai, aussi bien en version papier qu’en e-book. Alors qu’autour de moi et sur les réseaux sociaux je pouvais voir que ce livre était excellentissime, qu’il était maîtrisé de main de maitre, je me retrouvai soumis à un teasing et une promotion incroyable fait par l’éditeur et l’auteur lui-même, relié par les lecteurs fans de l’auteur (mais qui à mon avis ne connaissait chez lui que ses thriller), me promettant un grand moment de lecture-frisson.
Depuis ma première lecture en 2018 de L’Alliance des Trois, je suis devenu un grand fan de Maxime Chattam et pas seulement de ses écrits mais de l’homme. Très abordable, très simple, échangeant facilement avec ses lecteurs, il partage aisément quelques-unes de ses passions qui sont assez proches des miennes, notamment il essaye d’aider à promouvoir le jeu de rôle au travers de participation vidéo ou via l’écriture de scénario et de livre de contexte pour Black Book édition. Qu’il se rassure, ma déception n’entachera pas mon estime à son égard. Car oui je suis déçu, je m’attendais à mieux, quelque chose d’aussi réussi que le packaging du livre en lui-même. Ce volume est d’une manufacture rare dans le monde de l’édition avec ses pages liserées de noir comme un faire-part de condoléance, une illustration sobre sur la couverture, nous invite à pénétrer dans un monde parallèle où les couleurs disparaissent au profit d’un monde bichromatique teinté d’argent, comme un double négatif de notre réalité.

Quatrième de couverture :
La famille Spencer vient de s’installer à Mahingan Falls. Jusqu’ici, tout va bien. Un vrai paradis. Si ce n’étaient ces vieilles rumeurs de sorcellerie, ces communications téléphoniques brouillées par des cris inhumains, ce quelque chose d’effrayant dans la forêt qui pourchasse leurs adolescents, et ce shérif dépassé par des crimes horribles.
Avez-vous déjà eu vraiment peur en lisant un livre ?
Mon analyse :
Presque un an après avoir l’acheté et être passé par diverses lectures dont un grand coup de cœur avec le cycle du Livre des Martyrs, je me suis lancé dans lecture du Signal, histoire de prendre une bonne bouffée d’horreur et de fantastique à l’approche d’Halloween. Il était le premier d’une série de livre que j’avais programmé pour l’automne et son ambiance macabre, et après une première séquence d’introduction plutôt forte et bien écrite, me faisant frissonner de contentement, très vite en tournant les pages j’ai ressenti comme un malaise, ma première impression s’estompant peu à peu au profit d’une peur finalement encore plus terrifiante que celle à laquelle le récit essayait de me soumettre. Une sensation de déjà-vu, de copier-coller, de grande marmite dans laquelle on aurait ajouter tout ce qu’on a sur ses étagères pour nous fabriquer soi-disant la meilleure potion de tout le pays. Malheureusement les ingrédients en question sont éculés, pire ils ont déjà été utilisé dans d’autres recettes et n’ont plus leur charme magique, créant l’alchimie essentielle pour subjuguer le lecteur. Un peu la même impression qu’on ressent en regardant un vieux film d’horreur qu’on aurait vu et revu et qui à la fin ne nous fait plus vraiment peur mais plutôt nous fait sourire.

Le pot magique à frisson, le Graal de tous les écrivains d’horreur…
Lorsque je relis mes notes de lecture je remarque qu’encore une fois j’ai mis du temps à m’attacher aux personnages. On se moque souvent de Stephen King qui tartine des centaines de pages parfois sur certains personnages, mais c’est dans ces cas-là qu’on se rend compte de l’importance de le faire : Il rend vivant le contexte, il donne de la profondeur à ses personnages, crée du relief. Il m’a fallu plus de 300 pages avant de commencer à m’attacher à certains d’entre eux. Et là où le bât blesse, c’est que lorsque mon personnage préféré a fini par y passer, oui il faut s’y attendre dans ce genre d’histoire, je n’ai rien ressenti. Pas la moindre sympathie, empathie ou tristesse ou ce que vous voulez. Tout simplement parce que sa mort a été décrite d’une manière on ne peut plus impersonnelle, et que la profondeur du personnage nous permettant de nous identifier ou de développer des sentiments à son encontre n’existait pas ou peu.
L’histoire a donc décollé vers le tiers du livre pour ma part. Dans le fond, même si par moment l’auteur sait nous tenir en haleine avec un jeu de va-et-vient entre les différents protagonistes, certaines transitions ou scènes semblent aller à l’encontre de la logique du récit. Il précipite certains événements importants alors qu’à d’autres moments la narration se trouve ralentie ou engluée dans des considérations secondaires sans qu’on puisse savoir ce qui justifie un tel choix. Des choses arrivent (je pense à la scène des oiseaux) et nous n’avons un semblant d’explication qu’une centaine de pages plus loin. Des personnages sont esquissés, nous laissant croire à une quelconque utilité au récit pour finalement juste avoir de la matière à hémoglobine pour la fin. Car oui le grand final est sanglant évidemment comme toujours dans ce genre de livre, et le jeu des pronostics pour savoir qui va survivre n’est finalement pas si compliqué quand on connait le contexte d’écriture du livre et la personnification de la famille Spencer.



Pour la forme, lorsqu’il s’agit de rédiger des descriptions horrifiques, l’auteur est à son aise, il y a vraiment des scènes qui donne le frisson ou la chair de poule, je pense notamment à la scène d’ouverture ou à la scène avec la baby-sitter (même si elle rappelle, un peu trop à mon goût, Scream de Wes Craven). Les descriptions corporelles dans divers contextes sont, là encore, précises et chirurgicales. Pour le reste il y a quand même des choses qui m’ont choqué, car bien qu’il ne soit pas l’auteur français avec le plus grand style, loin s’en faut, il sait généralement raconter une histoire, comme dans Autre-Monde que j’ai adoré et qui reste à mes yeux son travail le plus abouti. Or là, plusieurs fois les dialogues n’ont pas été écrit, mais décrit. Je trouve que c’est une erreur, faisons parler les personnages, laissons les vivre ! Créons du relief !
Vous croyez en Dieu monsieur Spencer?
— À défaut d’être convaincu je demeure prudent.
Malgré tout ces défauts de styles et de choix narratifs, les thèmes abordés sont intéressants, notamment en ce qui concerne la vie après la mort, la force énergétique des esprits, les cultes ou encore l’emprise du passé sur le présent. Mais là encore, si je dis oui à beaucoup des théories ou réponses qu’il apporte sur ces grandes interrogations de l’humanité, je n’accroche pas à ce besoin cartésien de relier sciences et spiritualité comme il le propose dans son dénouement, et la fin du livre en ce point m’a déçu.
Conclusion :
Une lecture que j’ai terminé en oscillant entre plaisir et déception. Plaisir lorsque certaines scènes faisaient mouches, déception lorsque d’autres ressemblaient clairement à ce que j’ai déjà pu lire avant, dans les œuvres de Lovecraft, King ou Poe. Pour un habitué du genre, ce livre n’apportera souvent rien d’autre que de la consternation lorsque vous vous demanderez quand s’arrête la propriété des idées et où commence le plagiat. Vous ne cesserez de sortir de l’histoire du livre pour vous poser avec un regard analyste afin de retrouver où vous avez déjà lu ça et les différences de forme entre les deux séquences. Pour les autres, qui sont lecteurs de Chattam et notamment de ses thrillers, je dirais qu’une porte a peut-être été finalement ouverte. Par fidélité à l’auteur, ils vont aller lire son livre et découvrir ce genre que nous aimons tant pour peut-être en tomber amoureux. De ce point de vue l’auteur a parfaitement réussi son coup vu la percée médiatique du livre.
La note:
4/10
Voilà. Désolé Maxime, mais ce livre ressemble trop à un fan-book des maitres du genre que sont Lovecraft et King, et sa magie n’a pas fonctionné sur moi!
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