Les Archives de Roshar : La Voie des Rois par Brandon Sanderson

Hello There !

Aujourd’hui nous allons parler des Archives de Roshar et de son premier tome, La voie des Rois, découpé en deux parties pour l’édition française. Ce cycle se composera de 10 tomes au total (20 livres au mieux si on découpe à chaque fois en deux, ce qui est le cas pour tous les tomes publiés jusqu’à présent). À ce jour, 4 tomes sont parus (soit 8 livres si vous avez bien suivi) et la traduction est assurée de formidable manière par une personne que j’aime beaucoup et qui co-anime le podcast procrastination : Mélanie Fazi. Comme elle l’explique elle-même dans ce podcast, l’avantage de traduire exclusivement Sanderson, permet une certaine cohérence en français, car en effet tous les romans de l’auteur se déroule dans le même univers : Le Cosmere. Je n’ai pas lu d’autres romans de sa plume, je ne puis donc vous renseigner plus que ça sur sa cosmogonie, mais il sera intéressant dans de futures lectures d’en découvrir un peu plus en lisant d’autres histoires se déroulant dans le même univers et de voir les fils qui relient chacun des livres.

La 1e partie du volume 1 – La voie des Rois

Quatrième de couverture :

Roshar, monde de pierres et de tempêtes. Des siècles ont passé depuis la chute des Chevaliers Radieux, mais leurs avatars, des épées et des armures mystiques qui transforment des hommes ordinaires en guerriers invincibles, sont toujours là. Pour elles, les hommes s’entre-déchirent.
Dans le paysage dévasté des Plaines Brisées, Kaladin, enrôlé de force, lutte dans une guerre insensée qui dure depuis dix ans, où plusieurs armées combattent séparément un unique ennemi. Dalinar Kholin, chef de l’une de ces armées, est fasciné par un texte ancien appelé La Voie des Rois. Hanté par des visions des temps anciens, il commence à douter de sa santé mentale. De l’autre côté de l’océan, la jeune et ambivalente Shallan apprend la magie, et découvre certains secrets des Chevaliers Radieux…
Avec des romans traduits dans 25 pays, vendus à plus de 5 millions d’exemplaires dans le monde, récompensés par de nombreux prix, bientôt adaptés sur écran et comparés à ceux de G.R.R. Martin (Le Trône de fer) et de R. Jordan (La Roue du temps), Brandon Sanderson est un des maîtres incontestés de sa génération. La Voie des Rois, inédit en France et richement illustré, ouvre avec brio sa nouvelle saga-événement.

Mon avis :

Brandon Sanderson est aujourd’hui un des auteurs les plus lus au monde. Bien que je le connaisse de nom depuis quelques années, je ne m’étais pas encore penché sur ses romans. Comme souvent, j’ai acheté mon premier livre plus par attirance pour la couverture et le titre que les retours lus ici et là. Il s’agissait de La Voie des Rois, et tout cela me semblait prometteur, car comme vous le savez maintenant, j’aime les gros livres qui se fondent dans des cycles à rallonge et les univers qui se mettent en place lentement. Mais il m’a fallu plus d’un an avant de l’ouvrir (la fameuse malédiction de la PAL, bien connue de certains lecteurs) et encore une autre année avant d’en faire la revue ici. L’avantage, c’est que j’ai avancé dans le cycle – j’en suis à Justicière. J’aime rédiger certaines de mes revues à froid, ça me permet d’explorer les sentiments qui me restent, mes sensations, mes souvenirs, et pour le coup, ceux-ci sont très bons. Comme d’habitude pas de spoil, je n’aime pas qu’on me le fasse, mais on va parler des thèmes, du style, (même s’il s’agit d’une traduction), de la structure narrative, et des promesses posées.

Tout d’abord Sanderson est un créateur méticuleux, au delà des interviews qu’il a pu faire et qui nous révèlent sa méthode de travail, l’homme n’hésite pas à communiquer énormément (voire trop ?) sur les mécanismes de la littérature et comment il les met en place pour produire son récit. C’est un créateur de monde mais avec un sens très scientifique et chirurgical de la création, et il faut reconnaitre que c’est réussi : univers atypique balayé par des tempêtes récurrentes obligeant les populations à adapter leur mode de vie et leur architecture, une faune et une flore originales avec des noms et des particularités pour chacune, ou encore la création des sprènes, sortes de manifestations élémentaires des différentes notions morales ou de sentiments voire même d’éléments naturels, comme les sprènes de colère, ou encore du vent, sa créativité est sans limite et ordonnée. Les sprènes sont semblables à des filaments translucides et intangibles et posent pas mal de question au début pour le lecteur qui finit par s’habituer à cet élément de l’univers.

L’auteur aime les systèmes de magie cohérents détaillés et compréhensibles, à la limite de la science. Pour cela, chaque moment d’émanation magique est décrit consciencieusement afin que le lecteur comprenne comment cela fonctionne. Et là encore c’est réussi. Les éléments géographiques, scientifiques, ethniques, politiques, se posent sur le fond de la toile d’ensemble avec aisance au fur à mesure que nous avançons dans notre lecture et qu’ils nous sont présentés et cela nous immerge profondément dans cet univers. Vous l’avez compris nous avons ici un auteur architecte.

Il s’agit d’un roman choral où nous suivons principalement trois points de vue. Tout d’abord celui de Dalinar Kholin, oncle du roi d’Alethkar, en proie à des visions de temps anciens révolus, mais laissant présager un avenir incertain. Son frère et lui ont unifié le Royaume d’Alethkar et il est connu dans tout le royaume comme un combattant sans égal. Ensuite vient Kaladin, un soldat, qui se retrouve dans une triste situation alors qu’on a abusé de ses idéaux et de son propre tempérament. Il va devenir un homme de pont, une piétaille sacrifiable chargé de porter à la main des ponts immenses dans la grande guerre des Plaines Brisées entre Alethis et Parshes. Et enfin Shallan, fille de petite noblesse qui essaye de sauver sa famille et qui pour cela aspire à étudier auprès d’une grande érudite, Jasnah Kohlin, la sœur même du roi d’Alethkar. Manquant cruellement de confiance en elle, elle devra réaliser que la vie n’est pas faite de blanc ou de noir, et qu’il faut bousculer les choses pour obtenir ce que l’on souhaite. C’est au travers de leur regard que nous assistons à une grande guerre qui oppose les Parshes un peuple étrange aux caractéristiques non-humaines mais qui ont fomenté l’assassinat de Gavilar Kholin, le frère de Dalinar, aux provinces unifiées du royaume d’Alethkar.

Nous voici donc avec un trio de personnages qui peut paraître redondant en fantasy de par leur caractère. Et pourtant, certains détails les rendent finalement pas si archétypaux qu’il n’y parait. Ce qui nous tient en haleine ne réside pas non plus uniquement à l’attachement que l’on peut éprouver pour ces personnages, contrairement à d’autres romans. L’auteur prend son temps pour exposer les éléments, insérant des chapitres avec un point de vue unique lors d’interludes entre chaque grande partie du récit, afin de donner quelques ressorts au lecteur, présenter des éléments qui permettent de jouer au jeu des théories. Et si on accepte l’idée que ce premier roman est là pour poser les bases, et par conséquent avance lentement, le plaisir sera au rendez-vous. La découverte de ce monde avec son écosystème est un réel plaisir et les 3 personnages principaux sont attachants chacun à leur manière.

la 2e partie du Volume 1 – La voie des Rois

Ainsi, Sanderson va alterner entre les protagonistes après un prologue assez intense qui pose les raisons de la situation initiale. Pour autant beaucoup de zones d’ombre persistent sur les héros en question, et c’est par le biais de chapitres flashback que nous comprendrons certains faits. Ces premiers flashbacks s’intéressent spécifiquement à Kaladin, et une fois les deux livres qui constituent La Voie des Rois lus, nous avons (du moins je le pense) tous les éléments le concernant. J’ai beaucoup aimé suivre son parcours d’homme brisé mentalement mais avec des valeurs qui me sont chères, et ce premier tome lui est plutôt dédié en quelque sorte puisqu’il s’intéresse spécifiquement à son passé.

La coupe du livre en deux pose un inconvénient : il n’y a pas de climax, ou de rush final, comme on en trouve dans la plupart des romans sur le dernier 1/4 du premier livre. Cela est déroutant et laisse penser que la suite va être du même genre. Je vous rassure tout de suite : pas du tout, mais alors pas du tout ! Le vrai rush, le vrai final se situe dans la deuxième livre (avec Shallan en couverture) et quel final ! je n’ai pas décroché du livre tant c’était intense, et je vais vous faire une confidence, la fin du Livre des Radieux (volume 2) est encore plus folle ! Je pense que le meilleur moyen de remédier au risque de trouver la fin du premier livre peu vivante et de lire les deux à la suite comme un seul et même livre.

Le style quant à lui me semble assez dans l’air du temps, c’est à dire concis, efficace, direct, il reste acceptable, même si vous le comprenez ce n’est pas le point qui m’a le plus fasciné (oh…. Tolkien, Moorcock, Lovecraft où êtes vooooooussss!). Il faut néanmoins reconnaître une chose à Sanderson, ses scènes d’actions sont dantesques, c’est là que son talent s’exprime le plus, c’est très visuel et bien décrit, ça fonctionne du tonnerre, il maîtrise parfaitement le rythme et l’angle de la caméra dans ces cas-là. Il nous entraîne dans un déluge qui nous en met plein la vue et nous scotche à notre livre.

Un des thèmes qui semble récurrent est celui de l’importance sociale liée à son apparence physique, du moins à une caractéristique que je vous laisse découvrir. Une manière de montrer que la Fantasy peut tourner en ridicule certains concepts tirés de notre réalité. La nature et certains concepts moraux que l’on peut parfois dévoyer, sont aussi au cœur de ce récit. Pour autant, je trouve que le foreshadowing de certains éléments narratifs fonctionnent peu. L’on ne sait pas toujours ce qui se cache derrière certaines postures ou allusions, mais le nœud du paquet cadeau dépasse du sac, à dessein probablement, ce qui gâche parfois un peu la surprise lors de la révélation : on savait que notre invité était venu avec un cadeau.

Conclusion

Un très bon moment de lecture malgré un style peu poétique mais efficace, et je ne remets certainement pas en cause la traduction de Melanie Fazi. Tout amateur de Fantasy épique se devrait de lire ce cycle qui possède un monde original, développé, agréable à découvrir et à parcourir. La découpe du livre rend le rythme de lecture un peu bâtard, mais les climax sont prenants et hyper réussis. On sent que l’auteur travaille là sur un projet qui lui tient à cœur et que ce sera probablement son Opus magnum. Les suites déjà sorties ne font que renforcer la première impression et j’ai apprécié de lire le deuxième opus, Le livre des Radieux dont je parlerai prochainement !

Vous le savez, j’adore lire en musique, il se trouve que l’auteur partage lui-même parfois ses playlists d’écriture assemblées sur Spotify. Pour ma part celle-ci m’a accompagnée tout du long :

Je vous souhaite à tous de rester bien au chaud avec un bon livre et une petite douceur à déguster, on se retouve dimanche à la Taverne avec un bon café !

Ce qu’on en dit ailleurs : Symphonie, L’ours Inculte, Le Bar à Livre

Note : 8,5/10

Bonsai!

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3 réflexions sur “Les Archives de Roshar : La Voie des Rois par Brandon Sanderson

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