Hello There !

Le sentez-vous ? Ce doux parfum d’une soirée de printemps infusé de sèves mêlées aux trilles des oiseaux, le tout couronné du bleu délavé du ciel auréolé d’une multitude de fins rayons solaires aveuglants ? La vie reprend ses droits après six mois de pluie quasi ininterrompue ici en Bretagne – ne venez pas ici je vous ai déjà dit ! Je ne vous cache pas qu’il est agréable et bon pour le moral de pouvoir à nouveau profiter du soleil et des sorties en famille du weekend sur les bords du canal de Nantes à Brest, souvenir d’un Empereur révolu. Le soir, attablé avec les restes d’un apéritif dinatoire, on peut déguster un bon café, un livre à portée de main, la brise et les oiseaux comme fond sonore du film qui se déroule dans nos têtes.

C’est tout revigoré et joyeux que le Tavernier peut enfin ouvrir en grand les fenêtres de la Taverne et inviter les amoureux du café à partager le breuvage de l’amitié, et du bien-être. Il me tardait de nous retrouver pour une nouvelle saison des ragots, et pouvoir à nouveau vous partager en quasi temps réel les anecdotes et autres maximes profondes qui peuplent mon cerveau bouillonnant. Comme dit le dicton par chez moi : Café bouillu, café foutu !

Dancing Queen

Les étoiles étaient alignées, les divinités lovecraftiennes nous ont entendus, et après avoir sacrifié trois chèvres et deux anglais – parce que – nous avons enfin pu nous réunir virtuellement pour continuer notre scénario Delta Green. Nos agents poursuivent leurs investigations à la recherche d’une drogue dangereuse aux propriétés surnaturelles. L’enquête les a amenés à rechercher des consommateurs de la Reverb au cœur d’une boite de nuit de Chicago, où notre joueuse a pu s’en donner à cœur joie, ne refusant aucun sacrifice au nom de la vérité, toujours prête à donner un coup de main, elle a été récompensée de son investissement là où ses collègues ont eu moins de chance, au dé notamment. Parfois Yog Sothoth n’est pas de votre côté, c’est ainsi, L’abomination de Dunwitch nous a prouvé qu’il préférait la luxure. En tout cas, nous avons passé une excellente soirée que je pense aucun des joueurs n’oubliera ! Rendez-vous le mercredi 17 avril pour la suite.

Reading King

En parallèle, j’ai continué de profiter de mon temps libre pour lire et notamment un King que j’avais acheté le mois dernier et que je n’avais jamais lu mais qu’une fan du Roi m’avait chaudement recommandé. Il faut savoir que le King rapproche les gens dans la vie pendant qu’il les maltraite et les tue dans son roman. C’est ainsi que je me suis enquillé les 750 pages de Rose Madder, sorti en 1996 et dernier opus de sa trilogie féminine. C’était la suite logique après Dolorès Claiborne lu la semaine dernière et j’avais très envie de le découvrir. Il faut dire que tout roman connecté à la Tour Sombre – mon cyle SFFF préféré ever avec le Seigneur des Anneaux, qui n’est pas vraiment un cycle – m’attire. Je n’ai pas boudé mon plaisir et même s’il m’a fallu la semaine pour en venir à bout, à aucun moment je ne me suis ennuyé. Je n’en dit pas plus puisque j’ai déjà mes notes prêtes pour une revue détaillée, mais j’ai adoré.

Better than you better than King

Cette semaine était très royal, en sus de lire King j’ai continué l’écoute du Podcast le 19e palabre consacré à l’analyse du cycle de la Tour Sombre, écoute que j’avais interrompu un peu plus tôt l’année dernière par manque de temps – et probablement aussi parce qu’un épisode par mois, ça a vite fait de passer à la trappe sur ma timeline spotify. Ce podcast, que vous pouvez retrouver sur la Chaine La Gazette du Maine animée par Emilie de Stephen King France, n’est pas pour les néo-lecteurs du cycle, mais bien pour tous ceux qui l’ont déjà lu – est-ce que 4 fois pour les 4 premiers tomes et 2 fois pour les 3 derniers ça compte ?? Lors d’un épisode, Emilie est venue à parler des problèmes de traductions parfois récurrents sur les livres de King, ce qui m’a incité à faire mes propres recherches sur la question et tomber sur cet article assez éclairant sur la question qui vient de son site.

C’est déjà assez embêtant en soi – QUUOOOOOOOIII ??? Je ne lis pas vraiment ce que mon auteur préféré à écrit ? P**** !! – mais là n’est pas le pire, il se trouve dans les commentaires. En effet, on y trouve une réponse donnant en lien un article datant de 2002 qui, contrairement à la bienveillance de la personne qui l’a posté, n’est pas éclairant sur la difficulté des traducteurs mais plutôt sur le melon de certains et l’appât du gain qui en découle. Voici le lien de cet article stupéfiant ! (Et si j’avais su je me serais drogué avant de le lire pour ne pas m’énerver ! Un peu de Reverb tiens !)

https://www.leparisien.fr/culture-loisirs/stephen-king-a-un-super-traducteur-29-11-2002-2003611292.php

Je ne sais pas si l’auteur de cet article a choisi de troller dans le titre, mais on dirait bien. Datant de 2002, impossible pour moi à l’époque d’avoir pu lire ce genre de choses puisque je n’avais pas internet et je n’habitais pas Paris. Je crois que si je l’avais lu, ça m’aurait déprimé, ou pire j’aurais cessé de lire le King, dans l’impossibilité de lire en VO, le marché international n’étant pas aussi développé qu’aujourd’hui. Mais analysons les propos de ce boloss de la trad.

« Tout le secret est de trouver un ton qui soit aussi convaincant et véridique que l’original, explique-t-il. Mais on ne peut pas adorer chaque livre. Parfois, on en accepte un parce que l’on sait que cela va être un best seller… Pour moi, Stephen King est un phénomène littéraire intéressant, pas un grand écrivain. »

Bernard Cohen

J’ai envie de te dire, vu que tu es journaliste à la base, tu peux toujours avoir du travail, ne te sens pas obligé de traduire quelqu’un qui plus est que tu n’estimes pas bon écrivain. Ah m***, j’oubliais, ce bon vieux pognon, et puis avec un auteur qui fait vendre, c’est tout de suite plus fun, le chèque à la clé. Je suis outré de lire ce « on accepte parce que on sait que ça va être un best seller »… et l’éthique ? La Morale ? Les valeurs ? Est-ce que finalement serais-je une anomalie dans ce 21e Siècle ? Il n’y a plus d’hommes, des vrais, avec un semblant de dignité ? Mon père m’a toujours appris la fierté, l’honneur, la loyauté, et s’il y a une loyauté que je cultive, c’est celle qui se rattache à mes principes, mes valeurs, et mes valeurs sont celles de la vérité, de l’envie, et de l’intégrité. J’en veux pour preuve que je refuse les services presses (et que je ne les ai jamais cherchés) parce que j’aurais trop peur de devoir dire du mal de quelque chose qu’on m’a donné. Et comme je ne mens pas, mais comme j’ai aussi le sens du respect, ces deux valeurs entreraient en contradiction dans un cas comme celui-ci. Apparement pas pour Mr Cohen.

il a trouvé des solutions à tous ses pièges. Allant même jusqu’à proposer à l’éditeur de couper une quarantaine de pages. « J’ai un problème avec la littérature américaine de masse, précise-t-il, je trouve que l’utilisation de la violence y est contestable.

Bernard Cohen

Donc du coup un traducteur peut réécrire un livre. C’est intéressant. Vous me rappelerez que si un jour j’en publie un et que je suis traduit en anglais, de le traduire moi-même, comme ça je suis sûr que mon texte restera intact. Moi en tout cas, j’ai un problème avec les gros cons qui touchent à l’œuvre des autres sans leur consentement.

Et puis personnellement, je déteste l’horreur. Quand je traduisais Hannibal, de Thomas Harris, je faisais des cauchemars.

Bernard Cohen

Et bien, ne traduit pas d’horreur ! Fais autre chose bordel ! Va laver des voitures, servir dans un restaurant, mais laisse les livres d’horreurs être traduits par des gens qui l’aiment et la comprennent !

Au final, adouci par les coupes, racheté par son humour, « Territoires » laisse à son traducteur le souvenir d’un roman ambitieux. De quoi combler les fans du genre.

Bernard Cohen

Donc, voilà. Je me suis acheté il y a quelques temps la version complète de Talisman des territoires qui regroupe les deux opus, aux éditions Pocket, mais je sais dorénavant qu’il me manque 40 pages par-ci par là de violence parce que Monsieur Cohen juge le lecteur trop imbécile pour les digérer. Ah non, parce que lui n’aime pas ça. Je ne ferai pas l’amalgame avec tous les autres traducteurs qui travaillent d’arrache-pied en collaboration bien souvent avec l’auteur ou ses assistants, comme Mélanie Fazi que j’aime beaucoup et que j’espère rencontrer à Ouest Hurlant prochainement, ou encore Marie de Prémonville qui dans les années 2000 a retraduit et harmonisé toute la série de la Tour Sombre de King en collaboration avec lui – Je vous renvoie vers cet article déjà linké dans ma toute première revue de Blog. Mais je n’ai aucune compassion pour ces mercenaires de la littérature. La seule réaction que tout ceci a provoqué chez moi – et pas que, vous verriez ma secrétaire, elle en a fait une attaque – c’est l’envie indicible de lire le King en VO, et aujourd’hui c’est possible notamment grâce à l’ebook. Et je vais le faire.

Je sais depuis peu – environ 5 ans – que je peux lire en VO. Avant je ne lisais que des règles de jeux en VO (wargames, JDR), pensant, à tort, que je n’aurais jamais le niveau littéraire pour lire en anglais. Mais après un test avec GRR Martin, puis un autre avec Dune de Franck Herbert, plus cossu celui-ci, notamment à cause de ses termes SF – heureusement je l’avais déjà lu en français et ma VF n’était pas loin pour rechercher un terme si besoin – je me suis rendu compte que je pouvais. Alors je vais tenter, voir ce que ça donne. Il y a peu Shining a été retraduit par JC Lattès, notamment parce qu’il manquait deux chapitres au livre dans sa première traduction. Si la coupe est devenue la norme chez les traducteurs – parce que c’est dur, hein… vous comprenez – vous savez ce qu’il vous reste à faire. Moi je suis prof des écoles, je vais donc couper les sciences de mon programme, parce que je n’aime pas ça et que je n’y comprends rien, de toute façon c’est pas grave, les gosses ne s’y intéressent pas, ils ne veulent que de l’EPS. Pas sûr que Gabe le Magnifique soit d’accord avec moi !

«Mais c’est qui ce clown, Onos ?»

Allez, je vous laisse, en attendant..

Bonne fin de civilisation !

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