Hello There !
Comme vous avez dû le remarquer, je suis dans une période King. En droite lignée de mes lectures de fin d’année avec Lovecraft, j’ai fini par revenir à mes amours de jeunesse – le Ka est une roue – et par retomber dans l’univers du maître de l’horreur moderne. Le Fantastique, l’Horreur, ce sont vraiment mes premiers amours de lecture. Après Carrie, que j’ai terminé plus vite que l’éclair et chroniqué dans la foulée, je continue sur ma lancée et je viens directement faire la revue de ce livre du même gabarit lu juste après. Pour le coup, on est en plein grand écart entre le tout premier roman du Roi et son dernier publié en poche – mais pas sa dernière parution, puisqu’en français il s’agit de Billy Summers chez Albin Michel et de Fairytale en VO qui débarquera chez nous en livre audio en juin. Sorti il y a un peu plus d’un an en France, vous le savez maintenant, j’attends toujours la parution en poche pour me les procurer, et pour la première fois depuis L’Outsider, je n’ai pas résisté à le lire sitôt acquis. Alors, que penser de ce « petit » livre de 343 pages?

Quatrième de couverture :
Jamie n’est pas un enfant comme les autres : il a le pouvoir de parler avec les morts. Mais si ce don extraordinaire n’a pas de prix, il peut lui coûter cher. C’est ce que Jamie va découvrir lorsqu’une inspectrice de la police de New York lui demande son aide pour traquer un tueur qui menace de frapper… depuis sa tombe.
Obsédant et émouvant, ce nouveau roman de Stephen King nous parle d’innocence perdue et des combats qu’il faut mener pour résister au mal.
L’auteur se met à hauteur de petit bonhomme avec une aisance bluffante, pour chroniquer un apprentissage. Sabrina Champenois, Libération.
Stephen King au top de sa forme. Clementin Goldszal, Elle.
Une écriture toujours élégante. Dense et accrocheur. Michel Valentin, Le Parisien.
Traduit de l’anglais (États-Unis) par Marina Boraso.
Mon avis :
«Si vraiment nous sommes doué de libre arbritre, alors c’est nous qui invitons le mal à venir.»
Stephen King
King est un auteur prolifique, on y trouve de tout. De la nouvelle, au cycle, en passant par les romans de toutes les tailles possibles, il a multiplié les styles de récits, les genres, la personne employée, les points de vues, le traitement. Il n’a plus rien à prouver et écrit pour le plaisir de raconter une histoire. Néanmoins, bien qu’il ait joué avec tout ce que l’écriture permet de faire, il y a une chose qui ne change pas : chaque histoire est en lien avec son univers. Les connexions sont nombreuses entre chaque roman ou nouvelle – tous les chemins mènent à la Tour et toutes choses servent le rayon – et Après ne déroge pas à la règle.
On peut y trouver un rapport évident avec Shining pour ceux qui connaissent un de ses plus célèbres romans, mais pas que, il y a quelques liens avec Ça aussi – Attention, je ne fais pas forcément allusion au célèbre Clown – j’ai même vu des similitudes avec le prologue de Christine, puisque les premières phrases des deux romans évoquent l’âge du narrateur qui est identique. L’histoire peut paraître basique chez King et le déroulement des événements plutôt classique, ce qui est vrai. Pour moi la véritable force du roman ne se situe pas là, j’en reparlerai. Bien sûr, comme souvent, nous sommes happés par la narration, Steve nous prend par la main et nous emmène faire un tour dans sa voiture, avec sa capacité innée à nous faire tourner les pages pour connaitre la suite, même quand il ne s’y passe pas grand chose.

La couverture US que je trouve bien plus classe et parlante avec un côté vieux film année 70 à la Tarantino
Ce livre nous relate les souvenirs d’un petit garçon, Jamie Conklin, le narrateur – dont vous connaissez l’âge lors de l’écriture si vous avez suivi mes indices – qui nous raconte comment son don a influé sur sa jeunesse. Du monde de l’édition vu au travers de sa mère, agent littéraire, à la crise des subprimes de 2008 en passant par l’alcoolisme, King, comme souvent voire toujours, nous dresse un portrait réaliste, touchant et sans concession sur l’Amérique des années 2000 au coeur de la Grosse Pomme. Il intègre son surnaturel d’une manière si aisée que nous ne nous posons même pas la question de sa véracité : nous y croyons. En un peu plus de 300 pages, il nous raconte une histoire de fantôme, et bien qu’on s’attende assez facilement à la suite des événements, et que certaines formules semblent éculées, on ne s’ennuie pas du tout.

Vous remarquerez que je n’ai pas fait allusion au film Sixième Sens, tout simplement parce que lorsque le pitch du livre est sorti, à aucun moment je n’y ai fait de rapprochement, j’ai plus pensé à Danny Torrance pour ma part, puisqu’il s’agit de l’univers propre à l’auteur. De plus, Steve King désamorce l’analogie très rapidement dans le livre au cas où certains seraient tentés d’y voir un lien, bien qu’il mette en scène de la même manière une mère et son fils.
Je disais plus haut que la force du roman ne se situe pas dans son histoire. Non. Sa véritable force est dans sa narration qui évolue tout du long. Le récit étant à la première personne, il se met dans la peau de son narrateur jusque dans le style. Un peu léger et bancal au début, avec le passé composé –mais est-ce dû à la traduction ? – pour temps du récit moins évident que le classique passé simple- imparfait, mais plus logique pour quelqu’un qui relate des événements de sa vie et qui n’est pas un habitué de l’écriture, il ne cesse d’évoluer pour atteindre un très bon niveau en toute fin de livre, d’ailleurs King en joue gentiment, nous demandant si nous aussi nous avons remarqué cette évolution dans les dernières pages, ce qui a tendance à me montrer que c’était son intention dès le départ. Un petit jeu surement pour lui, un défi du style : « Hey Stevie, es-tu encore capable de jouer avec la langue ? Arriverais-tu à te mettre à la place d’un jeune premier qui affine son style au fur et à mesure que son livre avance ? » . Oui Steve tu en es encore capable. Tu as même réussi à me scotcher à mon livre toute une journée comme à l’ancienne quand j’avais du temps, plein de temps…
Conclusion
Une petite histoire qui se lit facilement et qui peut être une première lecture pour ceux qui voudraient découvrir le King bien que les références n’auront pas la même saveur que si vous étiez arrivé par la porte d’entrée plutôt que la porte de service. Sans grande prétention et moins passionnant que d’autres romans de la même taille chez lui, il n’en reste pas moins la sensation d’avoir passé un bon moment et de ne pas avoir vu le temps filer. Le Roi sait encore nous tenir en haleine et se faire plaisir au travers de ses mots, et lorsqu’il est dans sa cours de prédilection – adolescence, surnaturel – il est terriblement juste et efficace. Son style cinématographique nous transporte et pour un temps nous sort de notre quotidien. Aimerais-je pour autant voir des morts et leur parler ? Non je ne suis pas sûr Steve, je ne suis pas sûr… Jamie est diablement courageux. Nous le reverrons peut-être ?
Note : 7,5/10
Grand merci Sai de m’avoir lu.
Bonsai!
Edition présentée : Le Livre de Poche EAN: 9782253937029 Date de Parution : 1er février 2023. Traduction : Marina Boraso. Toutes les images présentées dans cet article sont la propriété exclusive de leurs auteurs.