Revue littéraire (Audio) : L’Appel de Cthulhu de Howard Philipps Lovecraft

Il y a quelques temps de cela Hardigan, une société proposant des livres audio, faisait une offre de bienvenue et proposait en échange de l’inscription à la newsletter, le téléchargement gratuit de L’Appel de Cthulhu de Lovecraft (cette offre est toujours valable). J’avais profité de l’occasion pour  stocker les 3 fichiers audio qui composaient la-dite nouvelle sur mon smartphone, et me promettais de l’écouter prochainement. C’est chose faite, et je vous propose de partager mon expérience, pour ceux qui seraient peu convaincus par le format. Nous parlerons ensuite de cette nouvelle quand même…sauf si Cthulhu m’attrape avant!

Quatrième de couverture:

Francis Wayland Thurston, un anthropologue enquête sur un culte obscur.

Howard Phillips Lovecraft est sans nul doute l’auteur fantastique le plus influent du XXe siècle. Son imaginaire unique et terrifiant n’a cessé d’inspirer des générations d’écrivains, de cinéastes, d’artistes ou de créateurs d’univers de jeux, de Neil Gaiman à Michel Houellebecq en passant par Metallica.

Le mythe de Cthulhu est au cœur de cette œuvre : un panthéon de dieux et d’êtres monstrueux venus du cosmos et de la nuit des temps ressurgissent pour reprendre possession de notre monde. Ceux qui en sont témoins sont voués à la folie et à la destruction.Le mythe de Cthulhu n’a jamais été aussi réel…

Mon avis:

on va découper cette partie en deux puisque je vais d’abord donner mon avis sur le support, très différent pour moi pour une première fois, puis ensuite j’en viendrai à l’histoire en elle-même.

L’expérience du livre audio

comme je le disais il s’agit donc d’une première expérience audio. J’étais très sceptique, je ne vous le cache pas, car pour moi le livre audio c’était Marlène Jobert lisant des histoires aux enfants. Alors bien sûr ce format là est très sympathique, dans les écoles notamment, puisqu’il permet d’éveiller des enfants non lecteurs encore, à des contes classiques mis en musique et bruitage, le tout saupoudré d’une douce voix d’actrice (et c’est essentiel à mon sens, j’y reviendrai). Généralement, ces œuvres sont proposées à des élèves de maternelle. le truc, c’est que moi il y a bien longtemps que je ne suis plus en maternelle et que Marlène Jobert, ben… c’est pas vraiment non plus mon trip. Et puis j’avais aussi cette appréhension : comment réussir à se concentrer et à bien comprendre une histoire qu’on me raconte, alors que lorsque je lis, il m’arrive souvent de revenir en arrière pour vérifier le sens d’une phrase, ou m’imprégner de l’odeur des mots, leur sonorité,  leur poids.

Je me suis finalement rappelé que lorsque j’étais adolescent j’écoutais souvent à 13h sur RTL Serge Sauvion (la voix mythique de Colombo en français à la TV) me raconter des histoires de crimes. J’en garde un excellent souvenir. Je me suis donc jeté à l’eau, et cette première expérience audio fut très proche de mon expérience radiophonique d’antan et ce pour deux raisons. La première, c’était une oeuvre, un thème, un genre qui m’intéressait. La seconde, la voix qui raconte l’histoire m’a complètement charmé. le comédien qui a prêté sa voix à la lecture de cette nouvelle n’est autre que Nicolas Planchais.

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C’est un comédien de doublage que l’on peut retrouver dans plusieurs documentaires, notamment sur les chaînes de France télévision. Sa voix convenait parfaitement à ce type de récit. Sa diction ainsi que les intonations qu’il pouvait mettre, aidait à la création d’une ambiance que seul le format audio peut sûrement apporter. En effet, lorsque vous lisez un livre, si vous souhaitez avoir une ambiance pendant la lecture, il vous faut mettre de la musique ou un bruit de fond avec un certain éclairage. Je suis un très grand adepte de ce genre de pratique! Maxime Chattam propose souvent au début de ses romans les titres musicaux qui l’ont accompagné lors de l’écriture afin de recréer une ambiance proche de celles désirées lors votre lecture. Il se trouve que beaucoup de gens lisent en musique. Alors parfois je dirais que mes écoutes ne sont peut-être pas adaptées (surtout quand j’étais plus jeune), néanmoins lorsque j’ai lu le Trône de Fer (A song of Ice and Fire en VO) il se trouve que les BO de la série étaient déjà sorties et que j’ai pu prolonger l’ambiance du show télévisé (qui est bon selon moi) et m’immerger encore plus dans l’histoire.

Le gros avantage du livre audio c’est qu’il n’y a plus besoin d’essayer de créer ces ambiances puisqu’elles sont déjà créés pour vous, et grâce en très grande partie à l’acteur-narrateur. Et c’est un vrai plus. Il m’a fallu une bonne demi-heure pour rentrer dans le procédé car ce n’est pas forcément naturel de retenir ce qu’on nous donne de l’histoire au fur à mesure qu’elle avance, mais pourtant passé ce délai, je me suis rendu compte que, naturellement, je pouvais faire autre chose tout en écoutant l’histoire et qu’elle rentrait en moi de la même manière que si je lisais un livre, l’ambiance en plus. Et c’est à partir de ce moment que l’on commence vraiment à trouver son compte. On imagine les possibilités de ce temps de lecture perdu, genre les trajets en voiture pour aller à son travail où tout bêtement lors de la vaisselle après le repas, tous ces moments où nos mains sont occupées et qu’elles ne peuvent pas tenir un livre. Je vous renvoie également vers cet excellent article pour ceux qui se pencheraient sur la question de savoir si il s’agit bien de la même activité au niveau cérébral. 

En conclusion une très bonne première expérience et je peux d’ores et déjà vous dire que je viens de terminer Légende de David Gemmell, en audio toujours, lu par Nicolas Planchais qui effectue à nouveau un  travail d’acteur et de mise en ambiance remarquables , et que très prochainement vous pourrez lire ma revue dans ces colonnes.

Mon avis sur l’histoire:

En ce qui concerne le fond de l’histoire, il s’agit donc d’une nouvelle de H. P. Lovecraft. Toute sa vie, il n’aura écrit que des nouvelles et n’en n’aura même pas profité financièrement puisqu’il n’aura pas vraiment de succès de son vivant. Il est aujourd’hui reconnu comme l’un des plus grands, si ce n’est le plus grand auteur d’horreur fantastique, puisqu’il a inspiré bon nombre d’écrivains et d’artistes contemporains qui ont eu largement plus de succès que lui, comme Stephen King. nous avons ici une histoire autour des mythes de Cthulhu. C’est ce Grand Ancien Dieu qui rêve d’envahir notre monde. Les rôlistes, dont je fais partie, connaissent bien ce mythe puisque le jeu de rôle sur ce thème existe depuis des années. Lovecraft a créé toute une cosmogonie autour de ces dieux qui reviennent du fin fond de l’espace. Il faut remettre ce genre d’écriture dans le contexte de l’époque de l’auteur. Celui-ci a grandi à la fin du XIXe et début du XXe siècle où on venait de découvrir que l’homme dans l’univers n’était rien. en effet, les récentes découvertes de l’époque tendaient à prouver (ce dont on est sûr aujourd’hui) que l’univers était immensément grand et que la vie sur la terre n’était peut-être qu’un accident. Einstein développait sa théorie de la relativité et changeait toute la donne scientifique et spirituelle. Pour toute personne un peu intéressée par la science, il s’agissait d’un abîme de peur sans égal. Parallèlement, les fonds marins n’avaient pas encore été cartographiés ni sondés. Une multitude de possibilité donc pour créer la peur qui, chez l’homme, naît souvent de l’inconnu. La force du ce récit réside également, au delà du thème, dans la manière dont Lovecraft crée le fantastique et l’horreur. Et comment fait-il ?

Il utilise un procédé fort intéressant puisqu’il s’agit d’un reportage-documentaire, c’est-à-dire qu’il va utiliser un personnage qui va retrouver des notes rédigées par un autre personnage qui lui, a disparu. Au travers de ces notes, il va remonter le fil de l’enquête réalisé par leur rédacteur, le plongeant de plus en plus dans la perplexité et la peur, nous en rendant complice. dans L’Appel de Cthulhu, il y a 3 chapitres différents : le premier retrace l’histoire d’un sculpteur visité par d’étranges songes, le deuxième narre l’aventure d’un policier qui va être confronté à des rites vaudous  très étranges dans le bayou de Louisiane et le dernier nous raconte le récit d’un Lieutenant de vaisseau danois qui vivra en pleine mer une expérience angoissante. Il se trouve que ces trois histoires ont un lien direct, que l’auteur des notes a fini par mettre en évidence et petit à petit nous en faisons de même alors que le narrateur en prend conscience également. Et c’est ce qui crée l’horreur, cette manière de descendre, au fur à mesure de la lecture, dans un puits sans fond et de se rendre compte qu’il est réellement sans fond. C’est cette mise en abîme qui crée le fantastique et la peur. Comme se regarder dans un miroir qui regarde dans un miroir, projetant des reflets de vous-même à l’infini. Nous nous sentons complices du narrateur qui finit par percevoir la menace qui le guette s’il en apprend plus et par là-même nous guette aussi. Lovecraft par ce procédé crée le phénomène d’identification nécessaire lors de la lecture pour impliquer émotionnellement le lecteur.

Cette expérience gratuite de chez Hardigan m’a donné envie de deux choses : la première retenter l’expérience, et comme je vous l’ai dit elle a déjà été faite puisque je viens de terminer Légende et donc bientôt nous en parlerons, la seconde est de pouvoir me pencher un peu plus sur l’oeuvre de Lovecraft et sur le mythe de Cthulhu. D’un point de vue intellectuel et littéraire, cette œuvre est riche et j’ai hâte de me plonger dans la lecture de ses autres nouvelles pour voir de quelle manière il  va me faire frissonner. Je pense donc prochainement acquérir la réédition en 3 volumes des nouvelles de Lovecraft remis au goût du jour par Bragelonne.

La Note : 9/10.

un bon 9 / 10 totalement mérité. Cette note englobe aussi bien l’histoire que la performance du lecteur-narrateur, Nicolas Planchais. Un grand Bravo au studio Hardigan pour leur travail. Et pourquoi pas la note maximale? Peut-être parce que je n’ai jamais été un fan du format nouvelles et que j’aime beaucoup m’impliquer émotionnellement sur de longues histoires, mais ça, c’est personnel.

voilà c’est tout pour aujourd’hui n’hésitez pas à me laisser vos impressions, un commentaire si vous êtes de vrais connaisseurs de Cthulhu et de Lovecraft, en attendant, je vous souhaite de jolies peurs nocturnes…

Bonsaï

L’appel de Cthulhu, Nouvelle fantastique de l’américain Howard Phillips Lovecraft (20/08/1890 – 15/03/1937), publié dans le magazine Weird Tales en février 1928. Elle ne paraîtra pour la première fois en France qu’en 1954. 

Edition présenté Format Audio de chez Hardigan lu par Nicolas Planchais.