Revue Littéraire : Le cycle de la Première Loi de Joe Abercrombie.

Bonjour à tous !

Après Elric des Dragons chroniqué précédemment, je continue de rattraper mon retard et je vais, enfin ! vous parler du cycle que j’ai lu juste après. Ces livres furent acquis lors des mes premières Utopiales il y a déjà deux ans, tout comme La Horde du Contrevent que j’ai d’ailleurs terminé cet été. Il me reste Gagner La Guerre de Jaworsky à lire et ma PaL Utopiales 2018 sera enfin vidée ! Mais nous n’en sommes pas là. Alors de quoi s’agit-il aujourd’hui ? De la première oeuvre d’un jeune auteur britannique, Joe Abercrombie. C’est un tweet de Maxime Chattam qui m’a permis de découvrir cet auteur, et en bon curieux et explorateur fantasyste, je n’ai pu résister à l’envie de commencer par son tout premier roman : Premier Sang. Comme il s’agit d’une trilogie, j’ai fait le choix dans cette revue de ne pas dissocier les 3 livres, que j’ai lu d’une traite sur un mois, de plus en plus vite alors que j’approchais de la fin. Je ne m’attarderai pas sur les premiers titres donnés par Pygmalion pour chaque tome qui, à mon sens, était totalement à contre-courant du thème dégagé par l’histoire, et je remercie Bragelonne d’avoir su coller un peu plus à la version originale. Alors quels sont les points forts de l’oeuvre et pourquoi tout fan de fantasy devrait lire cette trilogie ?

La ligne qui sépare les traîtres des héros est plus mortelle qu’une épée.

Quatrième de couverture :

L’Union n’est plus que l’ombre d’elle-même, menacée au nord par les clans barbares et au sud par de curieuses rumeurs en provenance du Gurkhul. Chacun s’efforce désormais de sauver ce qui peut l’être.

Logen Neuf-Doigts, le barbare le plus redouté du Nord, a finalement vu la chance tourner : son dernier combat risque bien d’être celui de trop. Le capitaine Jezal dan Luthar, aussi égoïste que séduisant, préfère arnaquer ses amis aux cartes que risquer sa vie sur le champ de bataille. L’Inquisiteur estropié Glotka est capable du meilleur comme du pire pour arracher la corruption du cœur de l’Union… surtout du pire. Et l’irascible Bayaz est peut-être le Premier des Mages, peut-être un imposteur, mais très certainement la source des ennuis qui s’apprêtent à accabler cet improbable trio…

Mon avis :

Tome 1 – Premier Sang : exposition, mise en place, premier acte.

Note : 8/10

Ce premier tome du cycle (et univers) de La Première Loi est une longue exposition (tout comme le sera ce paragraphe !). L’auteur nous présente les différents protagonistes, mais de manière pas toujours équitable (Jezal est trop mis en valeur pour moi au contraire de Ferro, des « frères » de Logen, et Frère Pied-Léger). Si chaque personnage semble presque un stéréotype de la fantasy, il n’y a en revanche pas de nains ou d’elfes ici. Le thème reste très humano-centré malgré la présence d’une espèce atypique au Nord mais tout de même humanoïde et qui est d’ailleurs un des enjeux de l’histoire : Les Têtes Plates. Il en demeure pas moins qu’au cours de la lecture, l’auteur va tordre tous les stéréotypes du genre, avec brio, les démontant parfois subtilement mais toujours avec une tonalité d’écriture grinçante et acérée propre au genre de la Dark Fantasy, que ce soit dans le style ou dans l’humour qui est souvent noir, voire très noir, et ce, pour mon plus grand plaisir. La trouvaille phare, le sommet du dark qui m’a permis de ne pas sombrer dans un faux rythme proche de la lassitude par moment au cours de la lecture de ce premier opus, c’est Glotka. Non ce n’est pas le nom d’une divinité Cthulhienne ou d’un rituel bizarre, juste un personnage. Mais quel personnage ! Cynique, cruel, horrible, grinçant, le genre de personnage qu’on aime détester, et pourtant tout tient la route. Sa personnalité retors et bien construite ne sort pas du néant. La psychologie bien travaillée de ce personnage passionnant mérite presque qu’on lise le livre rien que pour lui. Au delà de ça, il s’agit tout de même d’un premier roman, et cela se voit : univers très flou, rythme quasi-absent, longueurs, surabondance de scènes d’exposition, déficit de scènes d’action. Qu’importe, la graine était plantée – sans mauvais jeu de mot par rapport au livre – et j’ai couru immédiatement vers le tome 2 pour connaitre la suite. L’orage s’annonce et on l’attend presque comme une délivrance .

Tome 2 – Haut et court : batailles, trahisons, événements en marche. Le compte à rebours tictaque dans nos têtes.

Note : 8,5/10

Ce second opus, bien que le destin de plusieurs protagonistes soit relié depuis la fin du tome 1, va une fois de plus ouvrir plusieurs trames narratives, créant ce que j’appelle, l’appel d’air qui vous entraîne à la fin d’un chapitre qui vous intéresse moins. Mais il y a-t-il un seul chapitre dans ce livre qui nous intéresse moins ?! Entre notre inquisiteur chéri, Glotka, et sa lourde tâche de sauver une cité de l’Union dans une région hostile avec pour seule arme son intelligence extrême et sa compréhension de l’humanité et de l’autre Bayaz qui a monté l’expédition de la dernière chance, nous ne sommes pas en reste. Au sein de ce groupe d’ailleurs, chacun fera ce qu’il peut pour survivre sans pour autant savoir après quoi il court. Une communauté de l’anneau pas vraiment friendship. Au final, nous avons affaire à un tome 2 qui, en gommant presque tous les défauts de son prédécesseur, en renforce ses qualités, le rendant largement supérieur. L’action est au rendez-vous, les complots sont à leur sommet, et le lecteur s’interroge pas mal sur certains protagonistes. Rien n’est blanc, rien n’est noir, tout est humain. Un monument de Dark fantasy. Si avec le premier tome il était difficile de citer Cook ou Martin à côté d’Abercrombie, ici je trouve que ce n’est plus le cas.

Tome 3 – Le dernier Combat : en Version originale le titre est Le dernier arguments des rois, maxime gravée sur les canons de Louis XIV, pour rappeler à tous que la guerre était le tout dernier recours. C’est éloquent je crois.

Note : 9,5/10

Ce dernier tome est à couper le souffle comme la sensation qui vous saisit lorsque le boulet passe à quelques centimètres de votre visage. Combats et engagements armés épiques, contre la montre effréné contre l’inévitable, manigances politiques, les masques tombent et la réalité est âcre comme la fumée des incendies qui recouvrent les champs de batailles. Chaque trame développée est conclue de manière magistrale et le lecteur a la sensation d’avoir évolué autant que les personnages. En tout cas, l’auteur, lui, a su le faire, c’est indéniable : on le sent grandi . Son style s’est affirmé, le rythme est bien calculé. Un troisième livre très maîtrisé. On louera d’ailleurs, au passage, le fait qu’il ait profondément fait évoluer ses personnages au cours des trois tomes, bien que l’ironie du sort veut qu’ils finissent un peu, par des chemins détournés, là où ils ont commencé.

Conclusion :

Une montée en puissance finalement atypique du genre. Là où le tome 2 est généralement le plus faible et le dernier assez fort, il n’y a rien de tel ici. Ce serait le premier le plus faible à mon sens. Cette montée se ressent tant sur l’écriture que sur le récit en lui-même d’ailleurs. L’auteur nous livre une histoire forte et captivante et ce, malgré les clichés annoncés, donnant une vraie voix à chacun de ses personnages. Nul doute que Joe Abercrombie deviendra un auteur sûr de la Dark Fantasy. Il a d’ailleurs déjà publié d’autres livres se passant dans le même univers et qui sont déjà intégrés dans ma PaL comme Servir Froid, Les Héros ou encore Pays Rouge. S’ils sont à la hauteur de cette première trilogie nul doute que je me régalerai. Thank you for this great reading’s moment, Mister Abercrombie.

La note générale : 8,7/10

À très bientôt pour de nouvelles aventures SFFF dans la taverne d’Onos.
Bonsai !

Edition présenté : E-book Intégrale Bragelonne La première Loi. ISBN979-10-281-1120-5. Parution: 1 septembre 2018. Nombre de pages :2280