Bonjour ami Rôliste !

On se retrouve aujourd’hui avec ma Revue de Wyld de Nicholas Eames. Ça fait un moment que je veux en parler mais bizarrement alors que ça a été un vrai coup de cœur relayé par bons nombres de blogueurs, j’ai eu du mal à m’y mettre tant cette lecture fut très personnelle. J’ai lu ce livre au tout début du confinement et il faut bien le dire, il m’a beaucoup aidé à m’évader bien que j’ai la chance de vivre à la campagne et que je ne souffrais nullement de « l’emprisonnement urbain ». Sa tonalité joviale, son humour décapant, ses aventures dignes d’une partie de jeu de rôle – ce qui a fortement résonné en moi, étant rôliste – mais surtout le parti-pris assumé de présenter des clichés courants à tout univers Med-Fan sans pour autant tomber dans la redite ou le déjà-vu, avec en toile de fond le mode de vie d’un groupe de Rock, ont fait de ce moment de lecture un pur délice. Il est tant pour nous de nous diriger vers le Cœur du Wyld

Illustration par Pierre Santamaria Didier Graffet

Quatrième de couverture :

La dernière tournée

Clay Cooper et ses hommes étaient jadis les meilleurs des meilleurs, la bande de mercenaires la plus crainte et la plus renommée de ce côté-ci des Terres du Wyld – de véritables stars adulées de leurs fans. Pourtant leurs jours de gloire sont loin. Les redoutables guerriers se sont perdus de vue. Ils ont vieilli, se sont épaissis et ont abusé de la bouteille – pas forcément dans cet ordre, d’ailleurs.

Mais un jour, un ancien compagnon se présente à la porte de Clay et le supplie de l’aider à sauver sa fille, prisonnière d’une cité assiégée par une horde de monstres sanguinaires. Même si cela revient à se lancer dans une mission que seuls les plus braves et les plus inconscients seraient capables d’accepter.

Le temps est venu de reformer le groupe… et de repartir en tournée.

Mon avis :

— Vous êtes une roquebande ? demanda Clay.

— Nous sommes des roquebandits, corrigea la jeune femme. Mais j’aime à penser qu’il nous reste un peu d’espoir.

« C’est l’histoire d’une bande de potes…» Ça pourrait presque se résumer à ça. Ce livre est un de mes nominés des Incontournables SFFF, et si je l’ai choisi, c’est parce que pour la première fois un livre reliait deux de mes passions, le jeu de rôle et le Rock au sens large (hard rock, metal, etc). Le jeu de rôle et la fantasy se sont nourris mutuellement pendant des décennies, l’un et l’autre amenant tout un tas de clichés, et ce livre ne les évite pas, bien au contraire ! Pourtant l’auteur a su éviter l’écueil de nous resservir un plat réchauffé, et à la place, nous a gratifié d’une Fantasy renouvelée et trépidante !

Mais prenons dans l’ordre. Tout d’abord l’auteur a mis à disposition sur son blog une petite playlist, elle m’a accompagné tout le long de ce récit – vous pouvez la retrouver juste là, enjoy mon son préféré ! – et tous mes classiques y passent ! De Neil Young à Lynyrd Skynyrd en passant par AC-DC, les Who, chaque chapitre a sa BO et je n’écouterai plus jamais ces chansons sans penser à Wyld. Cette approche est pour le moins rafraîchissante et nous plonge immédiatement dans l’ambiance : nous ne serons pas dans une aventure comme les autres. Le rock a cette image de liberté, de non-compromis, et c’est bien de cela qu’il s’agit à mon sens. La liberté de prendre un genre, avec ses clichés et d’en faire autre chose, comme on dépoussière une vieille guitare au fond du garage mais sur laquelle on innove. Nicholas Eames va renouveler le genre sans pour autant en faire trop comme d’autres. Et cela tient surtout à sa toile de fond (Fantasy teintée de Rock), mais aussi et surtout à ses personnages.

— Nous reformons le groupe ! s’exclama Moog. Tu comprends, Matty ? Ce sera comme au bon vieux temps ! Nous cinq en route pour le Cœur du Wyld !

Ils sont tous plus attachants les uns que les autres. Exit les héros jeunes et pleins de peps et de muscles ! Ici on a le droit à d’anciens aventuriers vieillissants et sur le retour mais qui vont devoir reformer le Roquebande – Rockband = groupe de rock, chapeau bas au passage à la traduction – et repartir sur les routes. Alors que chaque groupe a son manager – c’est bien connu – nos compagnons n’ont pas gardé de grande relation avec le leur, et là j’ai une pensée ému pour Nightwish et tant d’autres qui se sont séparés de membres du groupe ou de leur manager pour d’infâmes histoires de coucheries, ou de gloire qui monte à la tête. Nous avons le leader ou frontman, Gabe le Magnifique que l’on pourrait comparer au chanteur. Il y a aussi le bassiste ‑ oups pardon – disons le tank – encore pardon, déformation de langage ludique ! – enfin bref le bonhomme au bouclier, pilier du groupe sans qui ils seraient probablement déjà tous morts, Clay Cooper. Nous avons aussi Moog – le claviériste – , le magicien un peu excentrique qui apporte une très bonne dose d’humour et de tendresse, et enfin Mattrick – le batteur –, le voleur roublard, le roi de la dague, le virtuose du combat rapproché, le métronome implacable à la précision chirurgicale. Enfin tout groupe ne serait rien sans un bon découpeur, une machine de mort, parsemant le combat d’une foultitude de cadavres, Ganelon, le guerrier à la hache – le guitariste. Chacun joue sa partition à la perfection, la jeunesse en moins. Leur légende les précède. Comment se nomme-t-il ? Saga – tiens, tiens…. comme un groupe de rock progressif.

Les rencontres et aventures s’enchaînent, pleines d’actions, d’humour, vers un final impressionnant, un Woodstock incroyable, le tout parsemé de clins d’œil soit au monde du rock – dédicace à Freddy Mercury – soit à D&D. Certaines rencontres sont plus marquantes que d’autres comme toujours, par exemple cet Ettin – un ogre à deux têtes en quelque sortes – ou cette Harpie, enfin cette dive (Diva ?) qui m’ont apporté de très bons moments de lecture par leur personnalité et leur originalité. Il est à noter que bien qu’on soit dans de la Fantasy classique, les personnages ont une vraie psychologie, personnalité, et on est très loin du simplisme malgré la prise de position de l’auteur autour des clichés . Chacun est bien travaillé, avec son passé, ses ambitions, ses convictions et c’est toujours appréciable pour l’immersion. L’auteur sait également mettre en relief les différences entre générations en confrontant nos héros au regard de la vague montante. Là encore, Nicholas Eames dépeint avec justesse la trace du temps sur les membres de Saga alors que les jeunes qu’ils rencontrent oscillent entre respect, un peu comme Metallica tournant avec Ozzy Osbourne en 1986 ou avec Van Halen – RIP legend – en 1988, et esprit de compétition, voire carrément de mépris, symbolisant le choc générationnelle. Mais Legends never die !

Conclusion :

Si je devais retenir un seul mot pour qualifier ce livre je dirais : jouissif.

Le rythme, les personnages, la toile de fond, tout est bien trouvé et surtout bien mis en scène. L’auteur a su créer un environnement rafraîchissant à partir de clichés et surtout il a su rendre ça hyper divertissant et original par sa touche musicale ! Humour, castagne, aventures, décors grandioses, une lecture divertissante sans prise de tête. Just Have Fun. Si je devais retenir un seul mot pour qualifier ce livre je dirais : jouissif. Je reviendrai dans le Coeur de Wyld avec son deuxième tome, Rose de Sang très bientôt.

La Note : 8,5/10

Pour conclure, ce livre a remporté le prix Hellfest Inferno 2020, un magnifique festival de Metal, pas loin de chez moi, et ça c’est la classe ! Allez pour une fois pas de « bonsai » mais un bon vieux ..

Rock on!

Vous pouvez aussi lire les avis de Hildr, Apophis, L’Ours Inculte, Xapur, Symphonie

Edition présentée : Bragelonne grand Format. Date de parution: 16/10/2019 ISBN: 1028107668 traduction : Olivier Debernard