Bonjour, ami du noir..
L’automne est là… Les feuilles commencent à tomber autour de chez moi sous l’impulsion des vents froids du Nord et de l’Est qui balayent la lande granitique dont la verdure se gorgeant de l’eau qui tombe en trombe, semble pulsée d’une aura radioactive. C’est bientôt Halloween et son cortège de fantômes, d’esprits maléfiques, c’est la saison de la peur, de l’horreur, la saison où tout semble pouvoir devenir réel. C’est l’automne du King… alors plutôt que de créer une Illusion en reprenant les codes littéraires et visuels du Maitre de Bangor afin de vous servir un plat réchauffé – dédicace en douceur aux sorties prévues cet automne – nous allons tout simplement éviter l’imitation et parler à la place de son avant dernier livre : L’Outsider. Il y a peu je vous ai présenté Élévation, un petit roman qui tient plus de la nouvelle, et j’expliquais à quel point Stephen King maîtrisait toutes les formes d’écriture, tous les formats. L’Outsider est un roman, avec tout ce que cela implique chez King. Il a des pages, beaucoup de pages, mais il sait nous entraîner avec lui pour un petit tour dont il a le secret et on ne voit pas le temps passer, il nous emmène, là-bas, au coin de la rue… dans le noir.

Quatrième de couverture :
Le corps martyrisé d’un garçon de onze ans est retrouvé dans le parc de Flint City. Témoins et empreintes digitales désignent aussitôt le coupable : Terry Maitland, l’un des habitants les plus respectés de la ville, entraîneur de l’équipe locale de baseball, professeur d’anglais, marié et père de deux fillettes. Et les résultats des analyses ADN ne laissent aucune place au doute.
Pourtant, malgré l’évidence, Terry Maitland affirme qu’il est innocent.
Et si c’était vrai ?
Mon avis :
L’année dernière, lors du précédent automne lancé par Tomabooks, j’avais lu Docteur Sleep, la suite de Shining, que j’avais énormément apprécié. Je trouvais que le King avait réussi à renouer avec sa narration fluide, bien à lui, tout en proposant du fantastique et de l’horreur de qualité comme lui seul sait le faire, avec cette capacité à fouiller les travers humains et leurs psychologies complexes. Ici, il a choisi pour cadre une petite ville typique américaine de l’Oklahoma. Depuis quelques années, ses histoires se situent de moins en moins dans le Maine. Duma Key, La trilogie Mercedes, Dôme, Stephen King voyage et nous en fait profiter par la même occasion, même s’il y a bien une chose qui ne change pas, c’est le moyen de transport. Avec naturel, il va nous lancer dans l’histoire, quasiment en plein dans l’action, sans avertissement. Il a toujours eu cette capacité à vous agripper et ne plus vous lâcher, mais dans ce début de livre c’est encore plus flagrant.
Ce livre démarre comme une enquête policière – au passage, il écrit beaucoup sur ce thème, le policier je veux dire, depuis quelques années – la particularité de cette affaire réside dans le meurtrier présumé, un homme respectable sous tout rapport. King va nous démontrer à quelle point la bienveillance et la présomption d’innocence s’envole très vite, y compris chez les enquêteurs, lorsqu’une petite communauté où tout le monde se connait, est touchée de plein fouet par le meurtre violent et horrible d’un enfant. Seulement voilà, Terry Maitland, le coupable présumé, proclame son innocence alors que les preuves sont accablantes. Toute la première partie du livre s’attache à creuser non seulement les différents éléments de l’enquête – scientifiques, emploi du temps etc – et ses incohérences, mais également les réactions et pensées de chacun des protagonistes qui ont des parcours bien différents suivant les liens affectifs, face à l’horreur qui frappe.
Et c’est là que ça devient du King pur et dur et qu’on peut constater que son talent reste intact. Cette sensation de descente, de voyage au fond de l’irréel, l’improbable, le paradoxal. Il faut noter au passage que dans cette seconde partie plus fantastique, certains personnages de ses livres précédents, mais néanmoins récents, entrent en jeu. Si vous n’avez pas lu les livres concernés, ce n’est pas pour autant pénalisant dans la compréhension globale. Au pire une autre histoire vous sera légèrement dévoilée. Les éléments de l’intrigue s’enchaînent, se recoupent, pour petit à petit nous amener à cette sensation de dédoublement. Nous sommes dans le livre et sur notre canapé… entre deux mondes. Le rythme, assez soutenu tout le long du livre, s’accélèrent vers un dénouement qui pour une fois fera probablement mentir les détracteurs du Roi que beaucoup accusent de ne pas savoir « finir » ses romans. Je ne partage pas ce point de vue – sauf peut-être pour une seule histoire rharrgg !! – et si vous lisez un jour Écriture : mémoire d’un métier, vous comprendrez son processus créatif et sa façon de travailler qui explique en partie le type de fin qu’il nous propose depuis plus de 40 ans ! Pour ma part, les fins des ses derniers romans m’ont plutôt bien accroché, et celle-ci particulièrement.
Conclusion :
Une très bonne cuvée du King, un pur moment de lecture, plein de frissons extatiques, encore plus que Docteur Sleep selon moi que j’avais pourtant adoré ! Malgré ses presque 800 pages, je l’ai dévoré en à peine 4 jours, c’est dire à quel point le rythme, la narration sont maîtrisés et l’histoire palpitante. Alors si vous croisez un type que vous connaissez, regardez-y à deux fois. Il pourrait s’agir d’un Outsider….
Notes : 10/10
Pour info comme le bandeau de mon édition livre de poche l’indique, une série diffusée par OCS est disponible. J’ai juste visionné le premier épisode, et bien que le casting me semblait attrayant, je n’ai pas été emballé par le rythme. Il faudra que je réessaye dans de meilleur condition peut-être. Parfois la persévérance a du bon.
Comme toujours, merci d’être passé ici. On se retrouve très vite avec une prochaine revue. En attendant prenez-soin de vous, gestes barrières et tout !
Bonsai !
Edition présentée : Livre de poche. Paru le : 19/02/2020 ISBN :2253260622 Traduction : Jean Esch
Vous pouvez aussi retrouver les avis de : Symphonie, Tomabooks, Hildr
4 réflexions sur “Revue littéraire : L’Outsider de Stephen King”