Revue littéraire : Mage de Bataille de Peter A Flannery

Bonjour !

Comme prévu on se retrouve avec une de mes lectures de fin d’été. Bon, on va annoncer la couleur tout de suite, cette revue ne vendra pas du rêve. Ce ne sera pas le monde des Bisounours bienveillant. Je me demande encore comment je peux être dans un tel décalage avec mes confrères blogueurs SFFF. J’ai abandonné ce livre au chapitre 30 sur les 52 qu’il en compte, avec un semblant de début de réponse sur ce qui ne fonctionnait pas pour moi, mais pas de réponse sur le fait que tout le monde (et j’ai parcouru pas mal d’avis avant, pendant et après ma lecture) semble avoir adoré ce livre, malgré quelques petits bémols pour certains. Alors il s’agit de quoi ? D’un roman d’un auteur écossais, Peter A. Flannery. Si on en croit sa fiche wiki, pas un clampin, pas un novice, un auteur reconnu… mais pas en littérature fantasy. C’est un dramaturge et scénariste anglais. Il est surtout connu pour son travail à la Royal Shakespeare Company à la fin des années 1970 et au début des années 1980. Il a notamment écrit aussi des scénarios pour la TV et pour le jeu de rôle. Mes recherches ont été dures car il n’a pas non plus l’aura d’autres auteurs plus reconnus. Donc si j’ai bien compris, Mage de Bataille est son second roman après First and Only, un thriller parapsychologique qui apparemment à rencontrer un bon succès et a été adapté à l’écran, mais n’a pas été traduit (encore) chez nous. Ce roman était l’un des deux livres choisis pour lancer l’excellente gamme de chez Albin Michel Imaginaire en 2018, et heureusement ce choix plus que discutable à mon sens, ne remettra pas en cause mon intérêt pour cette collection, dont j’ai déjà lu quelques titres et que je trouve excellente.

Quatrième de couverture :

Falco Danté est un gringalet dans un monde en guerre peu à peu conquis par l’armée infernale des Possédés. Pire, Falco est méprisé, mis à l écart, à cause de son père qui fut un immense mage de bataille avant de sombrer dans une folie meurtrière. Alors que la Reine tente de rassembler toutes les forces armées pour repousser les Possédés, Falco prend une décision qui va l’amener aux marges du désespoir : il va entrer à l’académie de la guerre, une école d excellence pour les officiers. Là, il devra surmonter ses doutes, ceux de ses amis et même ceux de la Reine. Le monde brûle ; seul un mage de bataille pourra sauver ce qu’il en reste. Falco réussira-t-il à libérer son pouvoir, à invoquer un dragon à sa mesure ou succombera-t-il à la folie… comme son père ? 

Mon avis :

Il s’agit ici d’une construction classique en fantasy avec trois jeunes gens : deux garçon une fille : Harry, Ron et Hermione. Ah, non, ça c’est autre chose je crois… bref. Falco, notre héros, est comme beaucoup de héros : tempérament maladif, extraction noble et rejeté par les autres à cause de son père qui a sombré dans la folie à cause de son dragon, compagnon de tout mage de bataille, et qu’on a donc dû éliminer (classique on vous dit). Sous fond de guerre contre des forces démoniaques, notre jedi en herbe va devoir entreprendre un long chemin initiatique pour sauver le monde, déjouer les complots et surtout laver le nom de sa famille.

Bien que les scènes de batailles soit plutôt sympa et que le cœur de l’histoire semble tout à fait intéressant et trépidant, que quelques trouvailles comme l’armée démoniaque et les mages de bataille avec leur dragon sont plutôt bien pensés, je n’ai pas accroché pour plusieurs raisons. Tout d’abord, quand on choisit une construction classique d’histoire, il faut des personnages charismatiques, et pour qu’ils le soient il faut que la narration les mette en valeur. Relire la même histoire racontée différemment ne me dérange pas. Comment ne pas voir en Harry Potter un pastiche de Star Wars, lui-même inspiré d’autres histoires ? Je ne vais pas vous faire une translation détaillée, mais réfléchissez et remplacez Luke par Harry, Ron par Han Solo, Dumbledore par Obiwan etc. Pour comprendre pourquoi de telles histoires fonctionnent, je vous renvoie au livre de Joseph Campbell, L’homme aux mille visages. Ce genre d’histoire réveille en nous la notion de parcours initiatique et nous renvoie directement à notre enfance et notre parcours de vie. Donc ce qui va faire la différence n’est non pas la position des protagonistes ou leurs choix mais bien souvent le worldbuiding et la narration.

En ce qui concerne le worlbuiding, je n’ai pas de grands reproches à faire ici, il est cohérent et fourni, bien qu’encore une fois classique. Sauf que … Tomber nez à nez avec Sébastien Cabal et Dominic Ginola… ça fait tâche, et ça tue l’immersion. Pour une grande idée bien trouvée, comme l’armée démoniaque ou les mages et leur dragon, même le cercle des Thaumaturges (et les rôlistes doivent doucement sourire en voyant un tel nom), on a des créations dignes d’un Maitre du Jeu qui n’a pas préparé sa partie et qui balance des noms au hasard, suite aux actions de ses joueurs, en puisant dans sa mémoire et en modifiant une lettre du nom, technique bien connu de tous les MJ. Si elle marche autour d’une table de jeu de rôle, et encore, à condition que les références en question ne soient pas accessibles aux joueurs, il en va tout autrement dans un livre.

L’autre gros point noir à mon sens est le choix de narration. Prenons l’exemple du Trône de Fer dont je vous parlerai un jour, Martin multiplie les points de vues dans un but bien précis, pouvoir rentrer dans la tête de chaque protagoniste et nous livrer sa logique, ses pensées et surtout ses émotions. Ici, pas de psychologie de personnages, pas d’introspection, pas d’émotion, tout simplement parce qu’il n’y a pas de point de vue réel. La caméra est toujours placée de trois quart arrière à l’extérieur. C’est handicapant pour rentrer dans l’histoire. On passe d’un personnage à l’autre sans changement de chapitre, à peine sans changement de paragraphe, et le temps alloué aux « pensées » ou émotions de chacun est tellement bref, superficiel, qu’il semble juste là pour tenter d’esquisser l’explication de certaines réactions moteurs de l’histoire. Alors certes, ce qui compte c’est l’histoire, mais tout le monde sera d’accord sur le fait que la manière dont elle est racontée a une importance. Après il s’agit d’une traduction, mais mal traduit ou pas, la narration ne peut être modifiée. Je ne pense pas que le traducteur se serait amusé à décrire des dialogues qui ont été écrit (je déteste les dialogues décrits… show don’t tell). Une narration est propre à l’auteur, non au traducteur qui lui s’affaire plus sur le sens des mots choisis et l’agencement des phrases pour restituer l’effet de départ.

Conclusion :

Tout ça mis bout à bout, vous l’aurez compris, j’ai dû faire un choix, tiraillé entre mon envie de connaitre la suite de l’histoire qui semble somme toute intéressante avec quelques bonnes trouvailles, mais tellement gâchée par des choix grotesques par moment, voire carrément par la narration en elle-même, que je n’ai pu continué de m’infliger ça. Je suis peut-être exigeant, sélectif, par manque de temps et par le choix, aujourd’hui pléthorique, d’œuvres disponibles en SFFF, ou alors je n’ai pas su ressentir ce que mes camarades blogueurs ont décelé de génial dans ce livre, je ne sais pas, je n’ai pas la réponse. Je l’ai acheté en E-book, peu de temps après sa sortie officielle, lorsque j’ai acquis ma liseuse en décembre 2018, et les avis fleurissant sur la toile ainsi que la couverture, qui est somptueuse soit-dit au passage, formant avec le deuxième tome un panorama, m’avait laissé entrevoir un moment de lecture épique, à tel point que j’ai acheté le tome 2 en E-book aussi sans me poser de question avant même d’avoir lu le premier. Le problème du numérique c’est qu’on ne peut pas échanger, ou prêter, ou déposer dans une boite à livres, encore moins le revendre en occasion. Me voilà donc avec un livre pas fini et un autre que je ne lirai pas sur les bras. Ceci sera donc le premier avis en demi-teinte sur ce livre de toute la blogo. Gilles Dumay, Je suis désolé.

La Note : 4,5/10

Vétérans de la Fantasy donc s’abstenir. Ma note est pour vous. Pour tous les autres qui cherchez une entrée en High Fantasy, ce roman fera l’affaire et même plus par son côté manichéen et épique. Je vous retrouve très bientôt pour de nouvelles revues, si j’arrive à décoller mon nez du tout nouveau Steven Erikson qui vient juste de sortir chez Leha : Les Osseleurs !

Bonsai !

Edition présenté : Mage de Bataille Tome 1 chez Albin Michel Imaginaire. Traduction : Patrice Louinet. Illustration : Alain Brion. Paru le :26/09/18. ISBN : 2226435778

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