Revue Littéraire : Trop Semblable à l’Éclair d’Ada Palmer

Bonjour à tous !

«Ada Rules … Ada Rules….» Ada quoi ? À dada? C’est quoi ce phénomène ? La twittosphère s’emballe, les blogueurs SFFF n’en peuvent plus. Allons bon, courons à l’espace culturel pour admirer l’objet, se faire une idée. Mince, il n’est pas en rayon. Ok, soit. Prenons l’édition numérique chez Le Bélial. Nous allons tester, et voir si ce livre est bien la révélation de science fiction de l’année.

Voilà ce que furent mes pensées en ce début d’année 2020 alors que je ne savais pas encore que l’humanité n’irait peut-être pas au-delà de 2021. Quoi ? Vous n’aimez pas mon humour ? N’empêche, alors que l’hiver s’était installé et que petit papa Noël était reparti dans sa multinationale Groenlandaise préparer sa prochaine cuvée spéciale masques – oups, pardon, plus fort que moi – J’ouvrais ma liseuse afin de découvrir le phénomène.

Quatrième de couverture :

Année 2454. Trois siècles après des évènements meurtriers ayant remodelé la société, les concepts d’État-nation et de religion organisée ont disparu. Dix milliards d’êtres humains se répartissent ainsi par affinités, au sein de sept Ruches aux ambitions distinctes. Paix, loisirs, prospérité et abondance définissent ce XXVe siècle radieux aux atours d’utopie. Qui repose toutefois sur un équilibre fragile. Et Mycroft Canner le sait mieux que personne… Coupable de crimes atroces, condamné à une servitude perpétuelle mais confident des puissants, il lui faut enquêter sur le vol d’un document crucial : la liste des dix principaux influenceurs mondiaux, dont la publication annuelle ajuste les rapports de force entre les Ruches. Surtout, Mycroft protège un secret propre à tout ébranler : un garçonnet aux pouvoirs uniques, quasi divins. Or, dans un monde ayant banni l’idée même de Dieu, comment accepter la survenue d’un miracle ?

Mon avis :

Nous avons ici un récit utopiste, ce qui nous change énormément des dystopies de ces 20 dernières années, dystopies qui soit dit au passage n’étaient pas à la hauteur de celles qu’on avait pu trouver dans les années 70-80. Un narrateur mystérieux, étrange, qui ment probablement parfois, par omission ou par intérêt, dresse un rapport écrit que nous parcourons. Son nom : Mycroft Canner. Son statut : esclave. Pas au sens où nous l’entendons. Car nous sommes dans une société nouvelle qui après une période de troubles et de conflits ayant presque éradiqué l’humanité, a opté pour un changement de paradigme. Les états-nations et les religions ont disparu et ont été remplacés par une oligarchie composée de sept Ruches qui dirigent le monde, et qui le modèlent selon les préceptes de la philosophie des Lumières du XVIIIe siècle. À la lueur de ce changement, des particularités de narration propre à l’époque où se passe l’histoire, apparaissent. Il s’agit d’un magnifique prétexte pour s’adresser à nous, « lecteurs du passé », et créer une ambiance particulière au livre puisque le narrateur utilise certains attributs du langage du 18e siècle. Afin d’enfoncer le clou, et d’instaurer un décalage de quatre siècles, Ada Palmer a recourt à un phénomène résolument moderne, la disparition des genres et la substitution du « on » ou « ons » à leurs places. Évidemment, ce procédé est déstabilisant et il faut un temps d’acclimatation. Cela rend la lecture exigeante, oui. Mais au bout de quelques pages, le style s’installe, les formules s’ancrent et deviennent naturelles. Ce n’est pas l’avis de tous, je le sais, mais en tout cas sur moi, ça a marché du tonnerre – ou de l’éclair ! Chapeau bas à Michelle Charrier, la traductrice.

J’avais conçu un monde multi-racial où évoluait une minorité de personnage blanc et où l’Amérique – qui domine de très loin l’essentiel de la SF – n’occupait pas le devant de la scène. L’union Européenne, la Chine, le Japon, l’Afrique du Nord, l’Inde et les peuples de langue espagnole y étaient plus important.

Ada palmer

Au delà de l’enquête, tortueuse, énigmatique, Ada Palmer nous présente un univers d’une richesse incroyable. Nous nous retrouvons au cœur d’une société dotée d’une politique complexe et obscure qui sous l’apparence d’un monde parfait et pacifique recèle encore et toujours les mêmes vices de pouvoir qu’à notre époque actuelle. La triple énigme qui constitue la trame du récit est captivante et chaque scène est prétexte pour découvrir un nouvel aspect de ce monde futuriste. Le livre s’emballe de plus en plus à la fin du premier tiers pour ne plus nous lâcher, allant de révélation en révélation, jusqu’à un final qui nous tient en haleine et nous invite à découvrir rapidement la suite : Sept Redditions.

Conclusion :

Une grande claque. Un bijou de la SF moderne. Trop Semblable à l’Éclair explose le genre et porte le débat sur un nouveau terrain, car au-delà de l’intrigue et de la narration atypique et immersive, c’est une véritable réflexion philosophique sur notre avenir qu’on nous propose, avec non plus un modèle de société dont la base serait constitué par l’identité génétique et physique – la famille actuel – mais bien sur les aptitudes et les aspirations de chacun. Ada palmer fait une entrée fracassante sur le devant de la scène et nous livre un monument incontournable qui, je l’espère, sera toujours lu au XXVe siècle. Merci Ada et merci Le Bélial.

La note : 10/10

Edition présentée : Trop Semblable à L’éclair aux éditions Le Bélial paru le 23 octobre 2019. ISBN 978-2-84344-958-1

8 réflexions sur “Revue Littéraire : Trop Semblable à l’Éclair d’Ada Palmer

  1. Baroona août 4, 2020 / 7:17

    Tu enchaînes directement sur la suite du coup ? Ou tu as pris des notes pour ne pas te perdre plus tard ? Enfin, vu que ça a l’air d’avoir été plus simple pour toi que pour beaucoup, ça le sera peut-être aussi pour la reprise. ^^

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    • Onos T'oolan août 4, 2020 / 7:31

      Je pense lire le second tome en fin d’année. J’ai d’autres lectures en cours 😉 Il est vrai que je me suis immergé facilement dans ce livre après quelques pages. Et que je prends des notes en cours de lecture, assez synthétiques, mais qui aide 😉

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