Revue Littéraire : Le Bazar des Mauvais Rêves de Stephen King

Bonjour à tous !

Me revoici par là. Ah.. les vacances, rien de tel pour bloguer un peu. Et rattraper son retard. Aujourd’hui je vais vous parler de mauvais rêves, ceux dont vous cherchez à vous extraire, en sueur dans votre lit, mais sans réussir à vous réveiller. Oui, il faut lire ce recueil dans le noir, tard dans la nuit, sur l’écran rétro-éclairé de sa liseuse avec le vent d’une tempête hivernale qui cogne sur les volets, et les sifflements stridents et chaotiques qui bourdonnent dans vos tympans, augmentant la sensation d’irréel et invitant le surnaturel. Ça sent le vécu ? Peut-être… Stephen King, c’est une main qui surgit de l’eau et vous agrippe par delà la surface de la mare au dessus de laquelle vous vous êtes penchés pour y regarder votre reflet, et vous attire dans ses filets, tout au fond, pour partager son festin de mort. Alors à mon tour de vous inviter à la table, prenez place n’ayez pas peur, tout est comestible..si, si, venez…

Le menu :

Mile 81
Premium Harmony
Batman et Robin ont un accrochage
La Dune
Sale Gosse
Une mort
Église d’ossements
Morale
Après-vie
Ur
Herman Wouk est toujours en vie
À la dure
Billy Barrage
Mister Yummy
Tommy
Le Petit Dieu vert de l’agonie
Ce bus est un autre monde
Nécro
Feux d’artifice imbibés
Le Tonnerre en été

Mon avis :

Ce n’est pas le premier recueil de nouvelles du Roi que je lis. Le tout premier fut Danse Macabre alors que je hantais la salle d’étude de mon dortoir au lycée, jusque tard dans la nuit, absorbé par ma lecture. J’étais fasciné par cette imagination fertile et morbide, et c’est à cette époque que j’ai ressorti la machine à écrire de ma mère afin d’écrire à mon tour, inspiré par Le Ver, ma nouvelle préférée. Entre temps, j’ai lu Différentes Saisons, Minuit 2, Tout est Fatal, et aujourd’hui voici donc à nouveau une magnifique boite de chocolat, offerte par mon auteur fétiche. Comme dirait Forrest Gump, ce qui est bien c’est qu’on ne sait jamais sur quoi on va tomber.

Écrire cette revue à froid, 4 mois après l’avoir terminé, avec juste ses notes Keep, ça permet de relativiser l’impact qu’ont eu chacune des nouvelles. La mémoire est un formidable océan dans lequel on plonge ses filets afin de voir ce qu’on va remonter, et les notes prises en cours de lecture aident à réactiver les souvenirs. Celles-ci sont révélatrices, certaines histoires n’ont même pas eu un seul mot. Ça ne veut pas dire pour autant que je ne les pas aimées, juste qu’elles m’ont moins captivé. Le recueil est globalement excellent, un des meilleurs. King s’amuse de tout, fait de tout, on a même le droit à un poème façon Poe (Église d’ossement), ou encore à une nouvelle à la Raymond Carver (Premium Harmony). Il offre ici un message d’amour à la littérature populaire américaine, et il tente de lui rendre hommage avec son humilité coutumière, lui qui restera probablement comme l’un de ses plus grands représentants et qui aura permis à la littérature de genre d’être reconnue comme de la littérature tout simplement.

La première chose frappante, c’est que chaque nouvelle débute par un petit aparté de l’auteur, une introduction dans laquelle il nous livre ses intentions. Et ça change tout. Cette intimité qui se crée, ce rapport où il nous explique la genèse, l’événement capté par son œil observateur et qui a amené l’idée puis la rédaction de la nouvelle, qui nous permet de mieux comprendre le processus créatif, nous immerge encore plus dans le récit qui suit. Ça a toujours été son style, il est vrai, de nous parler comme si nous étions seul avec lui, mais dans ce contexte c’est une véritable valeur ajoutée.

Alors qu’est-ce que mes filets ont remonté ? Tout d’abord Nécro, l’histoire d’un journaliste qui s’amuse à écrire des nécrologies au vitriol de personnes encore vivantes. ma préférée ! Je retenais mes rires, sans succès parfois, alors que je lisais tard et que tout le monde dormait autour de moi. Miles 81 également, la nouvelle d’ouverture, qui tient presque du roman tant elle est longue. Une nouvelle à l’ancienne, mais terriblement bonne. Il y a aussi quelques petites pépites comme Dune ou Une Mort, qui nous rappelle que la chute est extrêmement importante dans l’art de la nouvelle, et doit surprendre son lecteur. À contrario Sale Gosse, assez longue elle aussi et dont le final semble très prévisible, tire sa richesse des péripéties du personnage principal. Entre les deux, nous avons À La Dure, où la réalité de la situation se dévoile petit à petit pour nous sauter au nez comme l’odeur putride de la mort à la toute fin.

N’était-ce pas Fritz Leiber le grand écrivain de science-fiction et de fantasy qui avait qualifié les livres de « maîtresse de l’érudit »?

Ur – Stephen King.

Il y a Ur, chère à mon cœur pour sa connexion avec .. non, je vous laisse découvrir. Cette nouvelle à été écrite dans le cadre de la promotion de la liseuse Kindle à ses débuts, et le moins qu’on puisse dire c’est que je veux bien la même liseuse que le héros !
Billy Barrage m’a donné envie de m’intéresser de près au baseball – ce que j’ai fait depuis. Elle n’est d’ailleurs pas toujours facile d’accès pour nous, petit français, peu rompu au vocabulaire et aux us de ce sport. Morale, Mister Yummi, Ce bus est un autre monde, Le petit dieu vert de l’agonie, tant d’histoires aussi délicieuses les unes que les autres, de petites tranches de vie où l’horreur et le fantastique font irruption de manière magistrale. Feu d’artifice imbibés régale par son humour. Le tonnerre en été m’a rappelé Le fléau d’une certaine manière par son côté apocalyptique, angoissant, dont notre génération Tchernobyl a déjà pu avoir un avant gout, et a réveillé les images de la Guerre Froide qui émaillent mon enfance.

Aux rangs des nouvelles sans plus il y a Batman et Robin ont un accrochage. Le grand public semble l’avoir beaucoup aimé, moi je suis resté sur ma faim. Après-vie m’a laissé dubitatif, un peu facile, tout comme Herman Wouk est toujours en vie, même si pour cette dernière, là encore, King dresse un portrait saisissant de l’Amérique profonde. N’étant pas ultra sensible aux poèmes, je ne garde pas un souvenir impérissable de Église d’ossement et Tommy, mais il est parfaitement possible que je puisse un jour développer cette sensibilité qui m’a déjà été donné de ressentir avec Baudelaire et ses Fleurs du Mal.

Conclusion :

Un très bon moment passé en compagnie du maitre. Une lecture fluide, divertissante avec cette intimité dans l’envers du décor, malgré quelques nouvelles qui m’ont moins percuté (mais seulement 5 sur 19 !). Je reviendrai probablement un jour dans son bazar, lire une nouvelle par-ci, par-là, car même si le format des textes sont courts, on a toujours quelque chose à (re) découvrir dans les nouvelles du ROI.

La note : 8/10

Edition présenté : Le Bazar des Mauvais Rêves aux éditions Albin Michel ISBN : 978-2226319418.

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