Chronique Musicale : Kill ’em All de Metallica (1983)

Ami du rock bonjour!

Ça faisait longtemps que je voulais parler de mon groupe préféré. Mais par où commencer ? Après réflexion je me suis dis « par le commencement ». Pas celui par lequel je les ai découvert,non, ça c’était en 1993, au lycée, avec le Black Album, leur 5e album. Un ami m’a balancé la cassette (et là les jeunes doivent regarder l’écran en se demandant c’est quoi une cassette ?? ) en me disant  » tiens gamin ! Ecoute ça, c’est beaucoup mieux qu’Iron Maiden, la soupe dont tu abreuves tes oreilles ! » (et que j’adore toujours soit dit au passage cher Bart, que cela te plaise ou non où que tu sois !) Le dit ami avait mon âge, je précise vu la teneur de son langage, mais pourtant c’est bien ainsi qu’il m’a parlé. Je vous épargne les invectives homophobes en rapport avec le piège à souris et autre métaphore empirique sur la tonalité vocale de Bruce Dickinson, le chanteur de Maiden, le monde du rock/métal a besoin de cette pseudo réputation de virilité, et entre nous quand on a 15 ans on est pas sérieux.
Très vite, j’ai accroché au son, aux rythmiques, aux paroles de ce groupe qui à l’époque commençait à avoir énormément de succès. Et j’ai donc remonté le temps, en me procurant les albums un à un, ( – regarde les jeunes – en cassette, oui), jusqu’à découvrir ce Kill ’em All, leur tout premier album et qui reste aujourd’hui mon album préféré avec Master of Puppets et Ride The Lightning.
Donc nous commencerons non pas par mon histoire commune avec Metallica depuis 25 ans, mais bien par le commencement de leur histoire, quelque part là-bas au bord du Pacifique, dans la banlieue de San Francisco. Alors, vous avez sorti vos boules quiès ? Parce que je vous préviens ça envoie du lourd, du metal…up your Ass. Allez c’est parti !

Le Groupe

Difficile de retracer toute l’histoire du groupe sans y passer des plombes. Pour autant, il faut qu’on en parle un minimum en nous concentrant sur ce qui nous intéresse, histoire de restituer le contexte. Lars Ulrich, le batteur, est de nationalité danoise. Venu s’installer en Californie, à San Francisco, pour perfectionner son tennis afin de devenir pro comme son père, il publie une annonce pour trouver des musiciens. Car il est fan de rock, plus particulièrement de la NWOBHM (new wave of british heavy metal) constituée de groupes émergeant comme Judas Priest, Iron Maiden et d’autres déjà plus ancrés dans le paysage du rock tel que Black Sabbath, Deep Purple, Motörhead, Diamond Head, tous des groupes européens très en vogue de notre côté de l’atlantique. Sa première Batterie lui est offert en 1977 par sa grand-mère et il préfère taper des fûts que de taper une balle jaune. Ces groupes, dont il a amené les disques avec lui, auront un impact non négligeable sur la musique de Metallica. Un gars va répondre à l’annonce, un guitariste fan également de groupe européens comme Thin Lizzy, Motörhead, mais aussi de Blue Öyster Cult, un groupe New Yorkais : James Hetfield.

James, Kirk, Lars et Cliff en 1983

Ils décident de participer à une compil Metal regroupant plusieurs groupes de Los Angeles qu’un ami de Lars, Brian Slagel, tente de produire et ils montent un line-up à l’arrache avec le voisin de chambre de James , Ron Mc Govney. Il assurera la basse tandis que Hetfield s’occupe des parties de guitare solo et rythmique avant qu’ils recrutent Dave Mustaine, pour venir le suppléer. Après le départ de Ron Mc Govney, Cliff Burton, transfuge de Trauma, un groupe en vogue de la Bay Area de San Francisco, rejoint le groupe. Alors que Brian Slagel cherche un nom pour sa compil’, Lars en profite pour lui piquer une de ses idées et se mettre bien au chaud le nom de Metallica qui sonne bien à ses oreilles, lui disant de garder Metal Massacre. James desinnera le fameux Logo au M et A crochu : le groupe est né.

Ce premier line-up du groupe va enregistrer une démo intitulé « No life ’till Leather« , littéralement: « pas de vie sans cuir », qui va très vite faire le tour de la baie et permettre au groupe d’obtenir une petite notoriété locale qui va l’amener à décrocher son premier contrat avec un label et une session studio pour enregistrer un album.
La petite histoire veut qu’ils achetèrent un van avec leurs économies pour se rendre dans l’état de New York, donc traverser un continent, rien que ça. Mais Dave Mustaine avait des problèmes d’alcool et de drogues, ce qui le rendait plutôt violent et peu fiable (mais quels problèmes d’alcool ? il n’y en a pas dans le monde du rock, on ne boit que de l’eau.. enfin presque… pour ma part je suis caféïnomane, juré, craché !). Il provoqua un accident, ruinant le véhicule et obligeant le groupe à se séparer de lui pour ces excès récurrents. Il fut remplacé au pied levé par Kirk Hammett, soliste chez Exodus l’après midi même. L’ancien élève de Joe Satriani dû apprendre tous les solos en quelques jours afin d’être prêt pour la session d’enregistrement. Ce Premier album, synonyme du début de la conquête du monde, allait être la naissance d’un genre tout nouveau : le Trash metal. Caractérisé par une musique beaucoup plus rapide et beaucoup plus forte que les autres, ils ouvraient la porte à d’autres groupes tel que Slayer ou encore Megadeth fondé plus tard par un Dave Mustaine revanchard.

Le groupe souhaitait au départ appeler son album Metal Up Your Ass (du métal plein ton c..). La pochette représentait une main tenant fermement une dague sortant d’une cuvette de toilette, mais la société chargée de distribuer l’album s’y opposa. Ils choisirent alors de changer le titre en Kill ‘Em All (« tuez-les tous ») sur une idée de Cliff Burton en référence aux distributeurs trop frileux à ses yeux. La nouvelle pochette projetant l’ombre d’une main au-dessus d’un marteau ensanglanté fait son apparition dans les bacs des disquaires le 25 juillet 1983.

Track list

1.Hit the Lights4:17
2.The Four Horsemen7:13
3.Motorbreath3:08
4.Jump Into The Fire4:42
5.(Anesthesia)Pulling Teeth instrumental4:15
6.Whiplash4:10
7.Phantom Lord5:02
8.No Remorse6:26
9.Seek And Destroy6:55
10.Metal Militia5:09

Analyse des chansons

L’album commence sur un murmure lointain qui se rapproche tel un rugissement provenant d’une tempête qui s’amplifie pour venir nous fracasser les tympans, dans une introduction très Rock’n Roll, la basse voltigeant ses arpèges alors que Lars martèle ses cymbales comme un malade avant de faire une descente de toms rebondissant, puis ralentissant jusqu’à ce que James entame un riff endiablé qui emmène tout le monde à sa suite. Hit The Lights est l’essence même de ce son nouveau, avec une voix criarde et pleine d’écho (merci la prod’), un refrain accrocheur que le public peut chanter et des paroles à faire pâlir n’importe quel américain moyen de l’époque. Le solo final hurle encore, lancinant et percutant, que déjà les tignasses s’activent et enchaîne avec un des mes titres préférés de cet album : The Four Horsemen. C’est une compo ultra travaillée, avec un texte qui parle des 4 cavaliers de l’apocalypse, ce qui donnera d’ailleurs son surnom au quatre membres du groupe, tant la chanson est devenue un classique. À l’origine, la chanson devait s’appeler The Mechanix, mais suite au départ de Mustaine, l’un de ses compositeurs qui la reprendra sur l’album de Megadeth Killing is my business and my business is good, James la réécrit en partie et modifie les paroles. Perso je préfère largement la version des Mets, mais suis-je objectif ? Je dirais que oui car j’adore aussi Megadeth.

Vient ensuite deux bons titres mais que j’aime un peu moins. Le premier est un hommage à Motörhead et son style de vie Rock ‘n roll (Motorbreath), le second nous donne le point de vue du diable qui regarde les humains s’autodétruire et se jeter dans le feu (Jump Into The Fire). Arrive la fin de cette face A comme il y en avait encore à l’époque des 33 tours, et apparaît LA pépite composée par Cliff Burton, un solo de basse somptueux rejoint par la batterie sur la fin de la prise. L’ouverte de Pulling Teeth nous permet d’entendre la voix du défunt Cliff nous annoncer « Bass Solo take one « . Le morceau est suivi immédiatement sans blanc par le brulant Whiplash (coup de fouet !) qui nous cingle le derrière par sa violence et sa non soumission. Le groupe est connu pour son refus de compromis et entend bien nous le faire comprendre à coup de décibels ravageuses et fulgurantes.

La face B s’ouvre sur un titre qui aurait pu être le nom du groupe Phantom Lord et sous lequel d’ailleurs ils donnèrent quelques concerts cachés au milieu des années 80 histoire de goûter à nouveau aux ambiances underground de leur début. Une intro avec une basse à la distorsion extrême et un pont mélodique au milieu de la chanson, entêtant et délicieux, montrent toutes les qualités musicales du groupe et les possibilités qu’ils ne tarderont à prouver dans un avenir proche.

No remorse avec ses riffs encore une fois parfaits, que ce soit dans le couplet ou dans le refrain avec ses notes cristallines intercalées entre deux notes lourdes, nous montre que le groupe sait s’engager dans ses textes en dénonçant la guerre. Bien que les titres peuvent prêter à confusion, laissant penser à force de clichés que le monde du metal est composé de groupes satanistes adeptes de la violence (ce que je ne suis pas soyons clair), le vocabulaire guerrier et violent utilisé ici n’est fait que pour souligner le coté sans compromis du groupe qui compte bien conquérir le monde du metal de force s’il le faut, par sa fougue et sa violence musicale uniquement. Il faut remettre dans le contexte que ces chansons ont été pour la plupart écrites alors que ces membres avaient entre 17 et 20 ans.

Arrive le summum de cette face avec un titre aujourd’hui devenu un classique au même rang que The Four Horsemen et joué automatiquement à chaque fin de concert, Seek and Destroy. Son riff mid-tempo constellé de down picking en Mi n’est pas difficile à reproduire en soit à la différence d’autres compos du groupe, mais est d’une efficacité rare sur nos neurones. Le refrain ultra fédérateur sera d’ailleurs rallongé à n’en plus finir sur la tournée Live Shit Binge & Purge alors que James parcourt la foule afin de faire gueuler dans son micro « Seeek annnd Deestrrroy » à un public en transe. Metal Militia vient clôturer cette album à coup de bruit de bottes. Ici encore une fois aucun rapport avec le 3e reich, mais bien les cohortes musicales du metal qui sont en marche afin de conquérir le monde et de répandre la bonne parole du metal à travers la planète.
Alors, voyons mes notes pour ce premier et excellent album, qui ne fut reconnu à sa juste valeur que quelques années plus tard, bien après que les Four Horsemen, à force de concerts et d’albums, s’ancrèrent dans le paysage metal mondial. J’apprécie particulièrement l’exercice, car il me permet à moi aussi de découvrir quelle est la moyenne et d’établir un classement personnel.

Les notes :

1.Hit the Lights5/5
2.The Four Horsemen5/5
3.Motorbreath4/5
4.Jump Into The Fire3,5/5
5.Pulling Teeth (Anesthesia)5/5
6.Whiplash5/5
7.Phantom Lord5/5
8.No Remorse4,5/5
9.Seek And Destroy5/5
10.Metal Militia4/5

Moyenne de l’album :

4,6/5

Une très très bonne note pour un premier album, tout le monde ne peut pas en dire autant. Metallica était en marche pour devenir un très grand et très prochainement nous étudierons l’album qui sortit l’année suivante (1984) et qui fut composé en quasi simultané avec celui-ci : Ride The Lightening.


Rédiger cette article fut pour moi spécial, car il ne s’agit pas d’un groupe parmi d’autres à mes yeux, il me colle à la peau et leur musique est bien plus qu’une vibration sur mes tympans. Ils sont la bande originale du film de ma vie, et même encore aujourd’hui il ne se passe pas une journée sans que je me fasse un petit titre, notamment sur leur chaine Youtube qui régulièrement poste des morceaux live de leur tournée en cours.
J’espère vous avoir donné envie de découvrir ou redécouvrir cet album et comme d’habitude je vous laisse avec un petite vidéo, live cette fois-ci, car c’est l’essence même du groupe. J’ai longtemps hésité entre The Four Horsemen et Seek And Destroy… le verdict… plus bas.

Rock on!

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