Aujourd’hui, je vais vous parler d’un univers qui a fait couler beaucoup d’encre cette année à cause d’une saison qui était très attendue, et qui en fera couler beaucoup encore pendant un moment, du moins jusqu’à ce que George termine sa série et publie déjà pour commencer le fameux The Winds Of Winter, je veux bien sûr parler du Trône de Fer. Pour ma part, j’ai découvert cet univers en 2012 alors que j’étais en convalescence. Un ami m’avait prêté les saisons 1 et 2 de GoT (surnom officiel pour Game of Thrones), la saison 3 était encore à venir. Après les avoir visionnées assez rapidement, je me mis en quête des livres que je m’empressai de lire en version intégrale, plus proche de l’édition Originale U.S. Le revers de la médaille avec ce choix de collectionneur, c’est que je suis obligé d’attendre que Pygmalion l’édite, puis J’ai Lu avec tout « le découpage » qui va avec, avant qu’il soit publié en intégrale et en profiter ; je l’ai vécu avec l’intégrale 5 et c’était pas drôle ! Mais bref, revenons à nos moutons. J’ai donc rapidement lu les différents tomes déjà parus en français et en Intégrale J’ai Lu, dépassant rapidement la série TV. Puis la série TV a de nouveaux dépassé les livres, avant de s’offrir une année de pause.
Début 2019, comme j’étais en manque de Westeros, et que la saison 8 semblait encore lointaine, je m’étais réservé un petit shoot que j’avais bien planqué entre les coussins du canapé pour pas qu’on me le pique : Les Chroniques du chevalier Errant. Je connaissais l’existence de cette série littéraire qui ressemble plus à de longues nouvelles qu’à des romans, mais je préférais attendre d’en avoir fini avec la saga principale avant de la lire. De plus, le temps que j’en finisse avec la série principale et que je me penche également sur Game of Thrones Origine de la Saga, le magnifique ouvrage présenté comme une Histoire complète des Sept Couronnes (et vous ai-je déjà dis que j’aimais l’histoire?), George Martin s’était décidé à publier une aventure supplémentaire pour Duncan et l’oeuf : L’Oeuf de Dragon.

En arpentant le Store de ma Kobo toute neuve, cadeau de la mère Noël, parce que je suis un petit garçon très sage qui lit tout plein, je repérai une édition qui regroupait les trois nouvelles de cette série plus connu sous le nom des Aventures de Dunk et l’Oeuf. L’occasion rêvée de lire tout ce que Martin avait déjà écrit sur ces Héros!

Quatrième de couverture :
Qu’il joute ou qu’il guerroie, le chevalier errant n’a d’autre code que celui de l’honneur. Il loue ses services aux causes les plus nobles et prend la défense des opprimés. Ser Arlan suit cette ligne de conduite et l’inculque à son écuyer Dunk. La rencontre de ce dernier avec un étrange garçon qui se fait appeler Oeuf va changer à jamais son destin.
Mon avis:
Le livre se découpe donc en trois parties, trois histoires. Elles sont présentées dans l’ordre de parution qui se trouve être également leur ordre chronologique mais elles sont totalement indépendantes les unes des autres.
Le recueil débute par Le chevalier Errant, une nouvelle originellement écrite pour l’anthologie Légendes (1998). Dunk, est un jeune homme d’environ dix-sept ans mais déjà fort grand et vigoureux. Écuyer de Ser Arlan de l’Arbre-Sous, il va reprendre le flambeau de celui-ci, mort d’un refroidissement et se rendre au grand tournoi de Cendregué pour y participer sous le nom de Ser Duncan le Grand. En chemin, il va rencontrer l’Oeuf, un enfant au crâne chauve qui veut absolument être son écuyer.
Ces joutes seraient des plus classiques si la famille royale n’y était mêlée. Comme l’histoire se situe 90 ans avant les événements de la saga principale, en 209 selon le comput des Sept Couronnes, ce sont encore les Targaryens qui sont au pouvoir. A l’époque de la parution de la nouvelle en 1998, Feu et Sang, le tout dernier roman de l’auteur, racontant l’histoire de cette lignée légendaire n’était pas encore paru, c’est donc la première fois que nous rencontrons réellement ces êtres chevaucheurs de dragons, avec leurs longs cheveux blonds et leurs yeux aux couleurs étranges, dans leur fonction de Haut-seigneur et dirigeant. Martin nous entraîne donc, à travers ces réjouissances d’une autre époque, et nous présente aussi bien les Seigneurs avec leurs suites, chevalier à l’héraldique complexe à mémoriser, que le petit peuple composé d’artisans ou de saltimbanques. il joue sur les thèmes et les codes chers à la chevalerie : l’honneur, la justice et la défense des opprimés. Ce que j’aime avec les textes de Martin, c’est que malgré le contexte historique, il y aborde des thèmes sociaux qui sont toujours d’actualité.
Nous poursuivons notre lecture avec L’Épée Lige publié à l’origine dans l’anthologie legend of fantasy (1999). Deux ans ont passés depuis Cendregué, Ser Duncan le Grand et son écuyer l’Oeuf, sont entrés au service de Ser Eustace Osgris, un chevalier fieffé peu riche. Alors que la sécheresse sévit, et apporte souffrance et misère à une bonne partie du royaume, ils vont devoir régler un différend de voisinage, où les fantômes du passé vont resurgir, mêlant allégeance, romance et mystère. Les rébellions d’hier nourrissent les rancœurs d’aujourd’hui et encore une fois les codes et les rites de l’époque médiévale sont passés en revue pour nous offrir un récit très vivant, qui permet de mettre en relief l’Histoire des Sept Couronnes, aussi complexe et conflictuelle que notre propre Moyen-âge, pour au final, nous offrir une bonne histoire, très plaisante à lire.
La dernière nouvelle, l’Oeuf de Dragon a été écrite pour figurer dans l’anthologie Warriors co-éditée avec son partenaire de Wild Card, Gardner Dozois (2010). Nous sommes quelques mois plus tard dans la chronologie, mais pas dans la vie de l’auteur (!). Nos deux compères ont décidé de monter vers le Nord afin de se mettre au service des Stark de Winterfell pour y combattre les Fers-nés et pourquoi pas voir le Mur. Chemin faisant, ils vont tomber sur un cortège de chevaliers se rendant à Mur-Blanc afin d’assister à un mariage et participer au tournoi donné en son honneur. La récompense du vainqueur ne serait rien de moins qu’un Oeuf de Dragon. Cherchant à remplir sa bourse trop légère à son goût, Ser Duncan décide de s’y rendre. Il ne sait pas qu’il va entraîner l’Oeuf au milieu d’un nid de vipères où Martin va prendre un malin plaisir à jouer avec notre perception, présentant dans toute sa finesse le jeu des trônes : prophétie, duperie, mensonge, faux-semblant, dans un huis-clos (en pierre blanche !) stressant. L’histoire nous montre une nouvelle facette de Westeros ainsi que la complexité de sa société et l’auteur réussit avec brio à nous tenir en haleine jusqu’à la toute dernière page.
Conclusion:
J’ai pris beaucoup de plaisir à lire ce recueil des aventures de Dunk et L’Oeuf, la longueur est très abordable contrairement à la saga principale et chaque nouvelle a surtout le mérite de pouvoir se lire indépendamment. Elles sont toutes trois pleines de rebondissements et il est toujours difficile de deviner comment elles vont se terminer même si on connait l’univers et l’écriture de Martin. Malgré la rencontre de personnages parfois peu recommandables, de complots divers, l’ambiance de l’histoire reste bon enfant puisque elle est essentiellement axée sur la relation bienveillante entre Dunk et l’Oeuf. Le chevalier d’ailleurs n’arrête pas de promettre des «taloches à l’oreille» à son écuyer, très vif d’esprit et de tempérament contrairement à lui plus long à la détente, sans jamais passer à l’acte. Le style est on ne peut plus accessible et assez fluide malgré trois traductions différentes assurées respectivement par Paul Benita, Jean Sola et Patrick Marcel. C’est une véritable lecture plaisir et j’attends impatiemment la suite, George R.R. Martin ayant prévu d’écrire plusieurs nouvelles racontant toute l’histoire de nos deux compères depuis leur rencontre jusqu’aux tragiques événements de Lestival. Espérons qu’il tienne parole!
La note:
8/10
Bonsai!