Toc toc .
Qui c’est?
C’EST NOUS!
LES TOMMYKNOCKERS !
Je ne pense pas qu’il soit utile de présenter Stephen King. Nous en avons déjà parlé sur ce blog. À bientôt 72 ans il n’a plus rien à prouver. Il est connu dans le monde entier, et si ce n’est pas votre cas alors vous avez vécu dans une grotte ces 40 dernières années. Cette réflexion m’amène à me poser la question : comment faites-vous pour lire mon article alors…? depuis votre grotte.
Je m’amuse depuis quelques années à relire les premiers romans du Maître, ceux d’avant l’accident de 1999, de la première période beaucoup plus horrifique, ceux de mes premiers plaisirs de lectures, assis sur les marches des escaliers de la cours du lycée, mon walkman hurlant Enter Sandman dans mes oreilles, un café dans un gobelet plastique de la machine à portée de main et une Camel pendant mollement à mes lèvres. Les Tommyknockers que je vous présente aujourd’hui avait cette particularité que je ne le possédais pas. Lors de ma première lecture, au lycée, un ami m’avait prêté son édition France Loisirs. Du coup je ne l’avais jamais re-feuilleté comme je le fais avec la plupart des livres que j’ai, ne serait-ce que pour m’imprégner à nouveau de l’ambiance ou relire une passage que j’ai aimé. L’attraction pour ce titre fut donc décupler par mon désir de le posséder et de redécouvrir l’histoire dont seuls quelques filaments verdâtres traînaient encore pendouillant mollement à mes souvenirs de jeunesse.
C’est donc avec impatience et plaisir que je m’immergeai dans ce livre écrit au milieu des années 80, qui est probablement le dernier qu’il ait écrit sous l’emprise de certains produits stupéfiants et de l’alcool. Mais je reviendrai plus tard sur l’implication de son état physique lors de l’écriture. Tout d’abord découvrons le résumé.

Quatrième de couverture:
Tard, la nuit dernière et celle d’avant Toc! Toc! à la porte – les Tommyknockers Les Tommyknockers, les esprits frappeurs… Je voudrais sortir, mais je n’ose pas Parce que j’ai trop peur du Tommyknocker.
Tout commence par les rythmes apaisants d’une berceuse ; et pourtant, sous la plume de Stephen King, les vers anodins se muent en une inoubliable parabole de l’épouvante, qui entraîne les habitants pourtant bien sages et terre à terre d’un paisible village dans un enfer plus horrible que leurs plus abominables cauchemars… ou que les vôtres.
Une histoire fascinante et démoniaque que seul Stephen King pouvait écrire. Et lorsqu’on frappera à votre porte, par prudence, mettez la chaîne, si tant est qu’une chaîne suffise…
Mon avis :
Première partie ou présentation des protagonistes.
Ce livre se découpe en 3 parties. La première présente les deux personnages principaux. Tout d’abord son héroïne, Roberta Anderson, romancière de western qui vit seule avec son chien, un Beagle nommé Peter, dans la petite ville de Haven dans l’état du Maine. Elle découvre par hasard en trébuchant dessus un morceau de métal qui dépasse du sol dans le bois derrière chez elle et il va très vite devenir une obsession. Les obsessions sont une idées récurrentes chez King. Creuser…creuser..mais pour déterrer quoi? Quelque chose qui va changer la vie des habitants de Haven. Une invasion sous forme d’évolution, d’amélioration.
Puis nous faisons la connaissance de Jim Gardener, Gard comme elle le surnomme, son meilleur ami qui fut un temps son amant. C’est un professeur d’université qui a deux passions dans la vie : la première c’est l’alcool, la seconde combattre le nucléaire. Quand je dis deux passions c’est un euphémisme, ce sont bien sûr plutôt des obsessions.
Notre bon vieux Jim nous offrira certaines des scènes les plus éloquentes de cette première partie en terme d’humour et de réflexion sur notre espèce, car bien sûr Stephen King ne se contente pas de raconter une histoire, chaque mot, chaque phrase, est calculé pour nous faire réfléchir. Ses personnages, toujours aussi bien construit et qui paraissent tellement réels grâce à son phrasé unique et leurs travers, leurs faiblesses, très proches des nôtres, nous interrogent sur notre monde.

Un des bons vieux arguments de Gard contre le nucléaire est l’exemple de la catastrophe de Tchernobyl. Car l’histoire se passe en 1988 et je rappelle pour tous les petits jeunes qui me lisent et ceux qui ont passé les quarante dernières années dans leur grotte que le 12 avril 1986 la centrale nucléaire de Tchernobyl en Ukraine vit son réacteur entrer en fusion, suite à des défauts de conception et surtout aussi à pas mal d’erreurs humaines, et exploser provoquant ainsi un nuage radioactif qui recouvrit une bonne partie de l’Europe et votre serviteur par la même occasion alors qu’à l’époque j’habitais dans l’Est de la France. On peut supposer que King a rajouté ces éléments en cours d’écriture car les dates à la fin du livre indique qu’il a commencé la rédaction de cette histoire en 1982. Or, à cette époque, à part quelques incidents survenus sur des centrales aux États-Unis tel que Three miles Island, Il n’y avait rien eu de tel ailleurs. D’ailleurs je crois que c’est la première fois qu’écrire un livre lui a prit aussi longtemps, d’après les dates données par l’auteur, il a passé 5 ans sur cette histoire.
Est-ce que M. Kilowatt était un Ami de la Poésie? Presque autant, se dit Gard, que lui-même était un Ami de la Bombe à Neutrons.
S.K
Nous voici donc avec deux protagonistes bien différents et qui pourtant nous ont déjà accrochés par leur côté obsessionnel à tous les deux. Ils vont bien sûr être réunis pour le meilleur et pour le pire.
Deuxième partie ou quand le King écrit beaucoup….
La deuxième partie du récit s’attache à nous présenter la ville où se situe l’histoire. Et bien que boulimique de lecture et grand fan de son style, j’avoue que par moment il y eut certaines longueurs. Evidemment tout arrive à qui sait attendre et l’on découvre toujours au bout d’un moment à quoi nous sert la présentation de certains personnages, mais il faut être honnête, beaucoup ne servent à rien si ce n’est agrémenter le décor, et montrer de quelle manière l’excavation en cours chez l’héroïne influe sur le comportement des habitants de la ville. L’auteur se fait plaisir avant tout, après tout il a le droit, et certaines de ses petites histoires sont sympa, mais dispensables pour la plupart.
Troisième partie ou quand l’histoire monte en puissance.
C’est dans la troisième partie que tout s’accélère enfin et que les choses se décantent pour nous emmener vers un final, plutôt indécis jusque dans les dernières pages. Pour ceux qui disent que le Roi ne sait pas terminer ses livres, ici je ne suis pas d’accord. Le final me semble juste et sans ambiguïté. Et le maître mot qui me vient à l’idée c’est Rédemption. La rédemption d’un alcoolique qui avec ses maigres moyens tente de sauver le monde (rien que ça!). De quelle menace et y parvient-il? je vous laisse le découvrir. Cette réflexion est presque anecdotique car le plus important, c’est que ce livre a sans doute aidé son auteur à se sauver lui-même. Comment ne pas voir le parallèle entre ses propres problèmes de drogues et d’alcool et l’obsession, thème majeur du livre, dont font preuve les protagonistes, obsessions qui les tuent petit à petit, consciemment même par moment, tout comme lui se détruisait aussi à cette période de sa vie de la même manière.
Stephen King nous dit dans Ecriture, mémoires d’un métier :
Attention il spoile un peu l’histoire, vous êtes prévenus!
SK
« Au cours du printemps et de l’été 1986, j’ai écrit Les Tommyknockers, travaillant souvent jusqu’à minuit passé, le cœur battant à cent trente, des boulettes de coton enfoncées dans les narines pour étancher les saignements provoqués par la coke.
Les Tommyknockers est un récit de science-fiction dans le style des années quarante, dans lequel l’héroïne, un écrivain, découvre un vaisseau extraterrestre enfouis dans le sol. L’équipage est toujours à son bord, vivant, mais en état d’hibernation. Ces créatures envahissent votre cerveau et se mettent simplement… à vous tommyknocker. Vous bénéficiez d’une certaine énergie et d’une forme superficielle d’intelligence, en échange vous donnez votre âme. Telle fut la meilleure métaphore pour les drogues et l’alcool que put trouver mon esprit fatigué et en surtension. »
Conclusion:
Lovrecraft n’est jamais bien loin chez le Roi, et ce récit de science-fiction semble très inspiré par l’auteur de Providence. Malgré quelques longueurs dans la deuxième partie du livre, j’ai passé un excellent moment à le relire. Son style inimitable et sa narration m’ont porté tout du long. J’ai lu la dernière partie du livre sans m’arrêter, engloutissant les 300 dernières pages et finissant très tard au cœur de la nuit, encore émerveillé par la dernière vision de Gard notre poète anti-nucléaire. Comme d’habitude le temps de lecture y est pour beaucoup dans ma note, car il reflète mon attrait pour le livre, et quand vous lisez un livre de près 1000 pages en version poche en seulement quelques jours vous ne pouvez nier avoir pris du plaisir!
Je recommande ce livre à tous les fans de la première période du King, et tous ceux qui aiment la SF. Evidemment l’avancée technologique dont nous sommes témoins rend obsolète certaines des prouesses des habitants de Haven, mais il faut savoir remettre les choses dans leur contexte : disons-nous que Jules Vernes n’est pas attrayant car la technologie qu’il décrit est dépassée?
Pour ce bon moment, Monsieur King je vous mets la note de :
8/1O
Bonsai!
Sérieusement ?! Il dévoile sans pression qu’il consommait de la coke ! 🤭
Je ne connais pas du tout la vie de Stephen King à vrai dire. Peut-être que je ne suis pas assez curieuse.
Pour le livre, j’ai cliqué sur l’article en étant convaincue d’avoir déjà lu ce roman, mais je l’ai confondu avec « Les régulateurs ». 😅
Rohlala, je me paye deux fois la honte dans un seul commentaire ! Je vais aller me « culturer » un peu et revenir lire cet article (comme d’habitude, ça ne sera pas demain la veille mais j’essayerais d’être plus rapide que pour répondre à ton commentaire). 😉
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